Un marché à l’aspect «bullesque»
Le mois de novembre a été marqué par la résurgence brutale de la volatilité sur les marchés. Outre la flambée des valorisations boursières et les dépenses faramineuses des géants de l’intelligence artificielle (IA), le marché a pris conscience du cycle très court des investissements en IA dicté par un rythme d’innovation élevé avec des gains de performance majeurs. Une dépréciation plus rapide que prévue des actifs pourrait peser fortement sur la rentabilité d’actifs qui pèseront plus de 2 trilliards en 2030. Un risque supplémentaire vient du fait qu’un petit groupe de sociétés technologiques se livre à des opérations d’achat et de vente circulaires qui gonflent artificiellement leur valeur réelle.
De plus, l’essor du secteur repose désormais de plus en plus sur de la dette avec 200 milliards de dollars d’émissions obligataires récentes pour financer les infrastructures. Les structures hors bilan et les co-entreprises deviennent le modèle par défaut. Ces financements, dits «de l'ombre» car non soumis aux restrictions encadrant les prêts risqués, sont opaques. Par conséquent, il est difficile d'évaluer le niveau de risque inhérent au système.
Enthousiasme du marché et attentes vis-à-vis de la Fed
Toute cette alchimie financière rappelle que, comme à l’époque internet, il faut rester sélectif et regarder la solidité réelle des modèles d’affaires. Au final, sur les marchés, aucun investisseur ne nie le contexte «bullesque» actuel. Cependant, lorsque des technologies aussi disruptives sont développées, la logique est mise de côté alors que derrière ce retour de la volatilité sur les marchés se cache une accumulation inquiétante des risques. Ceux-ci ne tempèrent guère l’enthousiasme aveugle du marché pour toute valeur liée à l’IA, surtout que la détérioration des métriques de l’emploi et le ralentissement des ventes au détail devraient suffire pour convaincre la Réserve fédérale (Fed) de baisser ses taux.
Il vaut mieux en effet donner un coup de pouce à l’économie en réduisant les taux, quitte à créer de l’inflation, que ne rien faire et risquer une récession. Cette perspective d’une politique monétaire plus souple a galvanisé les investisseurs et permis au marché de rebondir.
Une version de cet article a été publiée dans ArcInfo.