Des ailes pour un quartier de La Chaux-de-Fonds
La «Spirale des Oiseaux», nouveau projet emblématique de La Chaux-de-Fonds, s’inscrit dans une dynamique de développement urbain durable et innovant. Par son approche architecturale moderne et son intégration harmonieuse dans son environnement, il ouvre la voie à de nouvelles façons de concevoir l’habitat collectif. Nous en parlons avec Patrice Pasquier, Directeur de Sioux Immobilier qui pilote le projet, afin d’en découvrir les enjeux, les objectifs et les étapes clés.
Pouvez-vous présenter les principales caractéristiques du projet «La Spirale des Oiseaux» situé à la Rue du Bois-Noir à La Chaux-de-Fonds?
Patrice Pasquier: Il s’agit d’un immeuble d’habitation comprenant, dans deux corps distincts: 25 appartements en PPE de 2,5 à 5,5 pces, 53 appartements en location de 2,5 à 5,5 pces et de 70 places de parc, places visiteurs comprises.
L’articulation des bâtiments permet une implantation judicieuse et une utilisation rationnelle de l’indice de construction à disposition. Le front Ouest, comprenant les appartements en vente, est réalisé en terrasse autorisant une architecture pour le moins intéressante.
D’autre part, la position des ascenseurs et leur forme rappellent les anciennes cheminées du quartier des Forges.
Une particularité aussi du projet a consisté à devoir réutiliser la sculpture qui était accrochée en façade Est des anciens bâtiments dans le nouveau concept. Un éclairage indirect devrait permettre une lecture nouvelle de l’œuvre d’art.
Sur ce même emplacement avait été construit en 1954 un bâtiment, alors le plus grand immeuble locatif du pays. Pourquoi ne pas avoir conservé sa structure de base?
Plusieurs problèmes concrets ont fait qu’il n’était pas possible de maintenir les immeubles, comme le mode constructif qui n’est plus du tout adapté aux normes actuelles, d’une fragilité importante rendant ces bâtiments insalubres et dangereux (stabilité du terrain, épaisseur très faible des dalles, fissurations importantes dans les façades, insuffisance d’isolation etc.).
Cette situation avait amené la Ville de la Chaux-de-Fonds à ordonner l’évacuation pure et simple de l’immeuble de tout habitant et, dès notre acquisition, à obliger une démolition rapide pour éviter tout danger.
Vous avez lancé un concours d’architecte pour cette opération. Quelle a été votre motivation?
Lors des premières discussions avec la Ville, cette dernière nous avait fait part de l’importance du site et, surtout, des immeubles qui se trouvaient en tout début de la rue du Bois Noir, dans un carrefour important. Stratégiquement, il était nécessaire de soigner le plus possible l’architecture du nouveau projet en tenant compte de la forme particulière des parcelles et en essayant de trouver une solution d’implantation moins rigide que les «barres d’immeubles existantes». Une meilleure utilisation du sol nous semblait devoir impérativement passer par un appel à plusieurs projets.
Pour des raisons d’organisation et de coûts, ainsi que par notre volonté de collaborer avec des bureaux locaux, nous avons organisé un concours sur appel par un mandat d’étude parallèle. Cela consiste à mandater plusieurs bureaux d’architectes – cinq pour ce projet – en les défrayant de manière égale afin d’établir un concept respectant un cahier des charges. Ce cahier des charges a été réalisé d’entente avec la Ville de la Chaux-de-Fonds. C’est le bureau IPAS à Neuchâtel qui a remporté ce concours.
Quelle est la stratégie de commercialisation dans le contexte conjoncturel actuel et plus particulièrement celui du marché immobilier des montagnes?
Notre idée, s’agissant de la stratégie commerciale, consiste au respect d’éléments nous paraissant importants pour ce marché chaux-de-fonnier tels que:
- Une architecture élégante et économique.
- Une diversité de logements tant en termes de dimensions, de pièces et de typologie.
- Toucher le marché de la location et de la copropriété.
Nous visons une gamme de prix en parfaite adéquation avec le marché local, autant sur les prix de vente des appartements que la location. L’investisseur de la partie locative est connu et sera communiqué une fois les actes de vente signés.
Le nombre de places de stationnement étant limité par les nouvelles règles, nous n’aurons pas une place de parc par appartement. Ce n’est pas très logique pour les conditions hivernales de la Chaux-de-Fonds, la desservance des transports publics et la présence encore très importante des véhicules privés. Une stratégie consistant à louer des appartements de standing inférieur à des prix attractifs, mais sans place de parc, va être mise en place afin de palier à cette problématique.
Quelle a été l’approche durable et de mobilité pour une telle construction?
Dans le cadre du groupe Naef, la notion de développement durable est complètement d’actualité. Nous sommes labellisé B-corp, label indépendant qui réunit partout dans le monde les sociétés répondant aux standards les plus élevés en matière de performance sociale et environnementale, de responsabilité et de transparence. En matière de construction, nos efforts les plus importants sont principalement énergétiques, l’empreinte carbone et notre participation au programme suisse de protection. Nous sommes en phase d’étude d’un cahier des charges plus complet traitant le développement durable dans nos constructions (provenance des produits, mandats locaux, constructions écologiques, etc.).
Pour le projet de la «Spirale des Oiseaux», tout ne pourra pas être mis en place. L’aspect financier de la construction devra être économiquement supportable et en adéquation avec nos prix de vente et de location. Toutefois, un effort particulier sera fait sur les adjudications locales, l’intégration de bois en façades, des bétons dont l’empreinte carbone est réduite, des isolants performants, un raccordement au chauffage à distance, des panneaux photovoltaïques avec de l’autoconsommation individuelle, des emplacements pour vélos largement dimensionnés et, dans la mesure du possible, une analyse globale du cycle de vie des matériaux utilisés.
Quelles sont les prochaines étapes?
Nous avons mis à l’enquête le projet définitif le 24 octobre dernier et nous espérons ne pas souffrir d’opposition afin de finaliser la vente de la partie locative, chiffrer le coût de construction, procéder à la mise en vente des appartements en PPE et une mise en chantier au printemps 2026 si tout va bien. La fin des travaux devrait être possible pour le premier trimestre 2029.