Ces minerais qui alimentent le futur
La transition énergétique a ses héros discrets: lithium, nickel, cobalt, cuivre et terres rares. Sans eux, pas de voitures électriques, pas d’éoliennes, pas de smartphones, pas de radars ni de drones. Et leur demande explose: elle pourrait être multipliée par 2 à 7 d’ici vingt ans.
Puissance chinoise et vitesse américaine
La Chine a compris, bien avant les autres, que ces matériaux façonneraient la puissance du XXIᵉ siècle. À l’abri des projecteurs, elle a bâti un quasi-monopole sur les terres rares. Extraction, raffinage, technologies: tout converge chez elle. Deng Xiaoping l’avait annoncé dès 1992: «Le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares.» Trente ans plus tard, la prophétie est devenue une réalité stratégique et Pékin transforme ces métaux en arme géopolitique, rappelant que la dépendance américaine et européenne constitue une vulnérabilité stratégique et industrielle.
Les Etats-Unis ont choisi la contre-offensive. Pour sécuriser leurs chaînes l’approvisionnement, ils mobilisent désormais l’Etat: investissements directs, prises de participation, contrats d’achat garantis, prix planchers. Le Pentagone finance même des capacités de raffinage sur sol américain. Une forme assumée de capitalisme d’Etat, au nom d’un principe simple: sans métaux, pas de souveraineté technologique, pas de supériorité militaire, pas de leadership.
Ambition européenne
L’Europe avance aussi, mais à pas mesurés. Son «Critical Raw Materials Act» fixe des objectifs ambitieux: 10% d’extraction, 40% de traitement, 25% de recyclage d’ici 2030 sur sol européen. C’est une avancée majeure et essentielle pour réduire sa dépendance envers un seul fournisseur. Cependant, cela reste encore modeste face à la vitesse américaine et à la puissance chinoise.
Au final, les terres rares ne sont pas un sujet technique, mais sont la clé de notre indépendance. Elles rappellent une vérité simple: sans métaux, pas de transition verte, pas d’autonomie industrielle, pas de sécurité technologique. La bataille des ressources ne fait que commencer — et elle décidera de notre indépendance énergétique et stratégique pour les décennies à venir.
Une version de cet article a été publiée dans ArcInfo.