Tensions autour de la dette en zone euro
Dans un contexte caractérisé par une inflation galopante devenant difficilement contrôlable, la Banque centrale européenne (BCE) s’est finalement résolue à imiter ses homologues en annonçant un durcissement de sa politique monétaire. Si un relèvement de son taux directeur de 0,25% en juillet ainsi que l’arrêt simultané de son programme d’achat d’actifs étaient attendus, l’annonce d’une nouvelle série de hausses de taux dès septembre, dont l’ampleur reste incertaine, a inquiété les investisseurs.
La réaction sur le marché obligataire ne s’est pas fait attendre. Les coûts des emprunts pour les pays de la zone euro se sont envolés, faisant réapparaitre le spectre d’une nouvelle crise de la dette. Avec ces nouvelles conditions de marché, un autre risque se profile : une fragmentation sur le marché de la dette souveraine en zone euro. Concrètement, cela impliquerait que le taux d’emprunt divergerait fortement entre les différents États européens. Les pays présentant un fort taux d’endettement comme la Grèce (193%) et l’Italie (150%) seraient particulièrement impactés. Ce phénomène avait notamment entrainé la crise de la dette souveraine européenne entre 2011 et 2012. Ce risque s’est toutefois atténué depuis avec, dans le cas de la Grèce, un allongement de la durée moyenne de ses emprunts ainsi qu’une forte proportion de sa dette détenue par des créanciers publics. Ce n’est pas le cas pour l’Italie qui finance sa dette à près de 85% sur les marchés.
Face à ce regain de tensions sur les marchés, la Banque centrale européenne a annoncé la création d’un nouvel instrument de politique monétaire visant à maitriser les écarts des taux d’emprunts des Etats membres. Cette initiative a momentanément apaisé les craintes des investisseurs mais fait déjà l’objet de vives critiques de la part de ceux qui y voient une forme d’aide allouée à certains pays. Ceci ne manquera pas de relancer le débat sur les limites du mandat de la BCE.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.