La bcn Actualites et medias Actualités Taux négatifs: un scénario que la BNS espère éviter

Taux négatifs: un scénario que la BNS espère éviter

Argent au quotidienEconomie

24.06.2025, par Jean-Noël Grossin, Gérant de Fonds

La semaine passée, la BNS (Banque nationale suisse) a procédé à un nouvel assouplissement de sa politique monétaire en abaissant son taux directeur de 25 points de base à 0%. Il s’agit de la sixième baisse consécutive de son taux d’intérêt directeur, d’une détente amorcée en mars 2024.

Tension sur le franc suisse: la BNS contre-attaque

L’institut est à nouveau confronté à un double dilemme. D’une part, l’inflation est aux abonnés absent et deuxièmement le franc approche des niveaux plus revus depuis plus d’une décennie, face au billet vert notamment.

Le scénario rappelle une vieille habitude suisse: face à une devise trop forte, la BNS aime mieux assouplir que subir. Son président Martin Schlegel, qui pensait encore en mars en avoir terminé avec le cycle baissier, s’est vu contraint de changer de cap. Le message est désormais sans ambiguïté. L’institut reste disposé à intervenir en cas de besoin sur le marché des changes afin de contenir l’appréciation du franc. Elle devra peut-être même réinstaurer les taux négatifs si les menaces de la déflation ressurgissent.

L’expérience des taux négatifs vécue sur le Vieux Continent a démontré que des Etats, mais aussi des entreprises bien notées, et même des particuliers dans certains pays ont gagné de l’argent en s’endettant. L’enchaînement vertueux espéré par les banquiers centraux était le suivant: avec les taux négatifs, les investissements des compagnies et les dépenses des ménages redémarreraient, et la hausse des prix se rapprocherait de l’objectif qu’ils s’étaient fixé.

Une menace pour les épargnants

Autre son de cloche du côté des banques et des épargnants. Les premières ont été affectées défavorablement par le taux négatif appliqué à leurs réserves excédentaires. Quant aux seconds, ce loyer de l’argent sous zéro les a non-seulement privés de rendement sur leurs avoirs, mais, de surcroît, certains clients aisés ont vu leur capital sans risque diminuer chaque mois en raison de l’intérêt négatif.

En conclusion, la BNS essaie d’appliquer le dicton ancien d’origine latine médiévale «mieux vaut prévenir que guérir», avec l’espoir que la dose monétaire injectée évite une appréciation démesurée de la devise helvète.

Une version de cet article a été publiée dans ArcInfo.