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Parlons plus ouvertement d’argent en famille!

Argent au quotidien

05.02.2024, par Marie-Laure Chapatte, responsable RSE

L’éducation financière des plus jeunes, socle indispensable pour éviter les problématiques de surendettement, passe par un dialogue à la fois ludique et sérieux sur cette ressource limitée.

Connaissez-vous le diamètre d’une pièce de 20 centimes? Précisément 21,05 millimètres. Soit 2,85 millimètres de plus qu’une de 50 centimes. Suffisant pour qu’à l’œil nu, la première paraisse nettement plus grande que la seconde. Voici le début de l’histoire que m’a contée ma maman.

Ainée d’une fratrie de trois, Marguerite s’amusait avec son grand-papa pour berner ses deux frères. Régulièrement, son aïeul lui glissait une pièce d’un demi-franc dans la main, là où il déposait 20 centimes chez ses frères en disant: «Vous avez été plus sages, vous méritez une plus grande pièce!» Une supercherie enfantine, en résumé.

Des thèmes de débat

Traditionnellement, c’est la petite souris qui amène la première pièce à l’enfant, en échange d’une dent de lait cachée sous l’oreiller. L’occasion est belle de la glisser dans la . En ouvrant cette dernière, ou en l’amenant à la banque, les petits apprennent à compter et la valeur des pièces.

Connaître la valeur de l’argent constitue le socle de l’éducation financière. Et comme l’économie et la finance sont au cœur de nos sociétés, il est important que les enfants soient familiarisés avec ces notions au fur et à mesure qu’ils grandissent, jusqu’à ce que, une fois devenus jeunes adultes, cette thématique soit débattue, même vivement, au sein des familles : l’argent fait-il vraiment le bonheur? Vaut-il vraiment la peine d’économiser en vue de notre retraite?

Usage immédiat ou patience

Inculquer des notions financières peut démarrer très tôt et prendre des formes très variées. Les grands-parents peuvent par exemple illustrer la valeur relative de l’argent en racontant ce qu’ils pouvaient s’offrir avec une pièce de cent sous à leur époque.

L’introduction de l’argent de poche chez les plus jeunes (dès 7 ans pour de petites sommes) permet de franchir une étape, à savoir déterminer si ces pièces sont utilisées pour un usage immédiat pour assouvir une envie – vite des marrons chauds ! – ou si elles sont mises de côté. Grâce à l’épargne, si l’enfant se montre patient, il pourra alors s’offrir un bien plus précieux à ses yeux, à l’image d’une trottinette. Il est crucial ici que l’enfant puisse faire ses propres choix, dans le cadre défini parents. Se tromper, voire regretter un achat, et apprendre à gérer la frustration font également partie du processus normal d’évolution.

Comme le temps ou l’énergie, l’argent est une ressource limitée. Il est donc important d’inculquer l’importance de l’épargne aux enfants. Mais comment ? Par exemple en associant une récompense au fur et à mesure que le temps passe. Concrètement, un parent peut dire à son enfant: «Chaque semaine, tu reçois 7 francs. Si à la fin du mois, tu as réussi à en économiser 4, alors je rajoute 1 franc sur ton compte bancaire. Si tu as en économisé 8, alors je t’en donne deux supplémentaires.» Et ainsi de suite.

Challenge sur une année

Cet article n’a pas pour objectif premier de dire combien d’argent il faut donner à quel âge ou s’il faut rémunérer les tâches ménagères. Toutefois, il est utile que les parents s’interrogent et s’alignent sur ce type de questions.

L’idée ici est surtout d’inviter à dépasser tout tabou: peu importe votre situation familiale, parlez de ces thématiques régulièrement avec votre progéniture, que ce soit au moment de faire les courses de la semaine ou autour d’un jeu de société. La piste d’un challenge familial est également intéressante, car évolutive. En mettant 1 franc de côté la première semaine, 2 francs la deuxième et jusqu’à 52 francs la dernière semaine de l’année, combien économiserez-vous? La coquette somme de 1378 francs. De quoi organiser un week-end dans une ville, d’établir un budget pour cette escapade, de dénicher les bons plans et de faire des choix: se rend-on au spectacle d’humoriste ou privilégie-t-on un restaurant bistronomique?

Choisir, c’est renoncer

La prise de décision implique de choisir en essayant de tirer le meilleur parti des ressources disponibles. Opter pour un produit ou un service, c’est renoncer à autre chose. Ainsi, le «coût d’opportunité» d’une décision économique mesure la valeur de ce à quoi on renonce pour l’obtenir. Prenons l’exemple de Jules, appelons-le ainsi, qui a un budget de 600 francs pour s’offrir un téléphone portable. Son choix? Acheter le dernier modèle à 599 francs ou le modèle d’avant qui coûte 140 francs de moins. Ici, le coût d’opportunité du dernier cri correspond au téléphone un peu moins récent et aux 140 francs auxquels Jules doit renoncer. Avec cela, il aurait pu investir dans un abonnement Spotify ou Netflix.

Pas de doute, les parents, les grands-parents, mais également l’école jouent, au fil des ans, un rôle prépondérant dans l’acquisition de ces compétences financières. Et ces dernières sont un socle absolument nécessaire pour les jeunes adultes. En effet, alors qu’ils ont des ressources financières encore souvent limitées, ils voient leurs dépenses croître (formation, mobilité, etc.). Selon l’association faitière Dette Conseils Suisse, le départ du domicile parental constitue d’ailleurs un moment charnière, lors duquel le jeune peut basculer dans l’endettement. Les achats compulsifs sont également pointés du doigt, tout comme la non-maîtrise de ces questions.

Et quand la spirale du surendettement est enclenchée, elle devient vite infernale. C’est donc un beau cadeau «gratuit» que vous pouvez faire à vos enfants et petits-enfants: briser les tabous et parler de ces questions financières dès leur plus jeune âge.

Pour aller plus loin

 Site dédié des banques cantonales pour approfondir ces questions