Obligations américaines à long terme: bon ou mauvais investissement?
Les rendements des bons du Trésor américains à long terme continuent d’évoluer sur une pente ascendante. Est-ce-une bonne ou une mauvaise nouvelle?
En substance, le rendement nominal d’une obligation à 10 ans combine le rendement réel d’une obligation tel qu’attendu par les investisseurs et la compensation dont ils ont besoin pour contrebalancer la perte anticipée de pouvoir d’achat due à l’inflation.
Une prime de risque face à l'inflation
Dès lors, pour répondre à la question initiale, il s’agit de regarder quel élément est prépondérant: le rendement réel qui représente approximativement les attentes en termes de croissance économique ou les attentes inflationnistes. Si le premier l’emporte, la hausse des rendements reflèterait une conjoncture économique robuste et l’investisseur y retrouverait son compte. Si c’est le second, l’investisseur exigerait dès lors une prime de risque plus élevée pour détenir l’obligation afin que son pouvoir d’achat ne s’en trouve pas trop érodé.
Malheureusement, la balance semble davantage pencher en faveur du deuxième scénario. En effet, les déficits budgétaires continuent de se creuser et le Trésor américain doit refinancer environ un quart de sa dette totale au cours de ces prochains mois. En conséquence, les investisseurs craignent un retour en force de l’inflation et exigeront une prime de risque plus importante.
Vente massive en 2022 au Royaume-Uni
Un précédent s’était produit en septembre 2022 au Royaume-Uni lorsque le Gouvernement Truss avait présenté un budget extrêmement déficitaire. Cette annonce avait provoqué la panique des acteurs financiers qui avaient vendu massivement leurs obligations, faisant grimper les rendements à la verticale. Le gouvernement avait été contraint de revenir sur ses décisions et avait dû présenter sa démission. De plus, la guerre commerciale lancée par l’administration Trump visant à rééquilibrer la balance des paiements engendre un rapatriement des capitaux étrangers investis aux Etats-Unis et met une pression additionnelle à la hausse sur les rendements des obligations.
En conclusion, même si les rendements actuels peuvent paraître attractifs à première vue, les causes de cette appréciation doivent inciter à la prudence.
Une version de cet article a été publiée dans ArcInfo.