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L’intelligence artificielle, entre peur et espoir

Economie

05.02.2019, par Vincent Schwery, gérant de Fonds

Entre fascination et répulsion, l’intelligence artificielle (IA) ne laisse personne indifférent. Elle constitue également un secteur d’investissement intéressant pour l’avenir, au regard de son rapide développement.

Fondamentalement, l’IA cherche à reproduire les capacités cognitives de l’être humain avec des algorithmes et des ordinateurs. C’est donc la capacité d’un ordinateur à effectuer des tâches généralement associées à des êtres intelligents. Elle fait déjà partie de notre quotidien. Nous avons tous un téléphone intelligent que l’on utilise pour se diriger grâce aux assistants de navigation ou pour effectuer des traductions par exemple. Ces fonctions sont dérivées de l’intelligence artificielle.

Deux raisons expliquent son essor. Tout d’abord, la puissance des circuits-intégrés et puces informatiques se développe de manière exponentielle et fournit un moteur puissant à l’IA pour digérer un nombre considérable de données. Toutes ces informations entrainent, alimentent les algorithmes et les rendent chaque jour plus puissants.

Technologie transversale

Cette véritable révolution industrielle va transformer de manière disruptive chaque aspect de l’économie. L’IA est en effet une technologie transversale par excellence qui se diffuse dans toutes les industries. Elle se propage également dans toutes les fonctions de l’entreprise, du marketing à la chaîne de production, en passant par les ressources humaines, comme l’illustre le logiciel Jean-Marc développé par l’Université de Neuchâtel.

Les applications potentielles sont vastes dans la robotique et l’informatique, mais aussi dans l’automobile, l’énergie, la médecine, l’agriculture, la distribution et autres secteurs. L'IA va devenir la nouvelle électricité, et comme cette énergie l’a fait il y a un siècle, elle va profondément changer notre société.

L’IA est déjà largement utilisée dans plusieurs domaines. En médecine, une start-up vaudoise issue de l’EPFL, Sophia Genetics, commercialise des applications qui permettent de dépister avec toujours plus de précision des cancers et autres maladies héréditaires et de prédire l’évolution des tumeurs via l’analyse de l’imagerie médicale à grande échelle.

La voiture autonome est un autre exemple où l’IA a fait des progrès considérables. Équipée de caméras, de scanners, de capteurs et d’un calculateur central, la voiture autonome est capable aujourd'hui de faire plus de 10 000 km sans qu'un opérateur prenne le relais. Des autobus sans chauffeur sillonnent déjà les localités de Sion, Meyrin ou Fribourg.

Sociétés bénéficiaires

Les principaux bénéficiaires de cette révolution sont les multinationales américaines de l’internet. Google, Apple, Facebook, Amazon, Intel et Microsoft ont un quasi-monopole autours des données et confortent chaque année leur position de leader en investissant massivement dans leur propre recherche, mais aussi en rachetant des start-up prometteuses à coup de centaines de millions de dollars. La Chine et ses champions locaux Tencent, Baidu, Alibaba et Iflytex tentent de rattraper leur retard avec des investissements importants.

Plusieurs sociétés suisses gravitent autour du domaine de l’IA avec des positions clés dans certaines niches comme ABB dans la robotique et l’automatisation, Interrol dans la logistique intelligente, Huber + Suhner dans le réseau 5G, VAT pour la fabrication de circuits intégrés, AMS pour la reconnaissance facile ou U-Blox pour la communication de machine à machine et l’internet des objets.

Les bénéfices de l’IA ne se limitent pas à quelques sociétés. En effet, elle offre un relais de croissance important grâce à l’accroissement de productivité et aux améliorations des produits. PWC calcule un gain cumulé de 14% de croissance du PIB mondial jusqu’en 2030, soit l’équivalent du PIB cumulé de la Chine et de l’Inde. L’intelligence artificielle offre un relais de croissance aux entreprises établies qui sauront l’implémenter et devrait faire bondir la productivité de quelque 30% d’ici à 2030, selon plusieurs études. Leur cours de bourse devrait aussi en profiter à moyen terme.

Activités plus créatives

Dans le même temps, certains secteurs d’activité vont disparaître et d’autres vont être créés: c’est la destruction créatrice décrite par l’économiste Schumpeter. L’impact positif de l’IA ne s’arrête pas à l’aspect économique. Nous pourrons déléguer de nombreuses tâches simples et répétitives aux machines et ainsi libérer du temps pour se concentrer sur le contact humain et des activités plus créatives.

L’avenir sera une collaboration entre l’homme et la machine avec une répartition des tâches selon les capacités de chacun. Nous voyons l'émergence de robots collaboratifs appelés «cobots» Ceux-ci travaillent aux côtés des salariés, combinant les avantages de l'homme et de la machine, ce qui se traduit par des niveaux plus élevés d'efficacité, de productivité et de précision. Humains et robots sont plus efficaces ensemble qu'en travaillant chacun de leur côté.