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Les rendements sortent des abysses

Investissement

23.02.2021, par Philippe Rollier, Responsable Private Banking à la BCN

Après les nouveaux records établis sur les bourses américaines, les marchés ont marqué le pas la semaine dernière. Les perspectives d’une remontée de l’inflation et la hausse des taux qui en découle demeurent le principal sujet d'inquiétude.

En effet, après avoir pratiquement disparu des radars depuis des années, les craintes de voir une flambée de l’inflation sont revenues en force ces dernières semaines. La perspective d'un plan de relance américain de 1,9 milliard de dollars conjuguée à un fort rattrapage de la demande après des mois de confinement ainsi qu’une politique monétaire très accommodante des banques centrales ont propulsé les anticipations d'inflation à leur plus haut niveau depuis plusieurs années. Cela a des répercussions directes sur les rendements obligataires de longue durée : aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor à 10 ans a dépassé la barre des 1,30% et en Suisse, les rendements de la Confédération se traitent à leur plus haut depuis mars 2020.

Bien que la hausse des rendements reflète l’amélioration des perspectives conjoncturelles, elle pèse néanmoins sur le sentiment des investisseurs. Certains estiment qu’un taux de 1,5% sur le 10 ans américain est synonyme de danger pour les actions, en raison d’arbitrages possibles entre les actions et les obligations. A cela s’ajoutent les craintes que la hausse des prix à la consommation et des taux sur le marché obligataire n’entraînent un durcissement plus rapide que prévu de la politique monétaire, ce qui serait dommageable pour les actifs risqués. Sur ce point, les récents commentaires des banques centrales se veulent toutefois rassurants. La Banque centrale européenne a mentionné que « l’inflation restait loin de l’objectif fixé » et qu’une forte relance monétaire restait « indispensable ». De son côté, la Fed a assuré qu’elle maintiendrait son soutien massif jusqu'à ce qu’elle observe « des progrès substantiels » sur le front de l’emploi. Hors, le chemin semble encore long puisque le taux de chômage pour janvier est ressorti à 6,3% aux Etats-Unis, bien loin des 3,5% d’avant la pandémie.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.