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Les obligations jouent aux montagnes russes

Economie

27.03.2023, par Fabio Muccigrosso, Responsable Trésorerie & Négoce

Le marché obligataire mondial a vécu l’une des semaines les plus stressantes de son histoire. L'indice MOVE, qui mesure la volatilité attendue des bons du Trésor américain, s’est littéralement envolé.

Ce dernier a frôlé mercredi la barre des 200 points, proche des plus hauts enregistrés lors de la crise financière de 2008. La liquidité sur les marchés obligataires, à savoir la capacité d’échanger des titres rapidement sans trop faire fluctuer les prix, s’est littéralement asséchée.

Agitation des taux d’intérêt

Ce phénomène s’est même observé sur les bons du Trésor et les Bunds allemands, des segments pourtant réputés comme extrêmement liquides et sûrs. En conséquence, la différence de prix entre le cours d'achat et le cours de vente (les spreads) se sont significativement écartés alors que les volumes d’échanges ont augmenté. Cette situation explique en grande partie les violents mouvements observés sur les taux d’intérêt. Entre mercredi et jeudi, le rendement du Trésor américain à deux ans a subi sa plus forte baisse journalière depuis le krash boursier de 1987, en chutant de 4,40% à 3,70%. La volatilité s’est aussi répandue sur le marché suisse où le taux de la Confédération à 2 ans a plongé de 1,3% à 0,5%, avant de remonter à 0,75% en fin de semaine.

Décision complexe pour les banques centrales

A l’origine de ces agitations se trouve le changement significatif des perspectives de croissance au niveau mondial. En effet, les déboires du secteur bancaire et les craintes de contagion suggèrent qu’un ralentissement brutal de l’économie est à venir. La crise bancaire et la rigidité de l’inflation vont compliquer une décision déjà délicate pour les banques centrales qui se réunissent cette semaine. La Banque centrale européenne avait déjà ouvert le bal jeudi dernier en augmentant ses taux directeurs de 0,50% tout en renonçant à son engagement de relever encore «sensiblement» les taux dans le futur. Prochains rendez-vous le 22 mars avec la Réserve fédérale américaine puis le 23 mars avec la Banque Nationale Suisse, où de nouvelles hausses sont attendues.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.