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Les dangers de la gestion passive

EconomieInvestissement

20.02.2024, par Jean-Noël Grossin, gérant de fonds

Les prémices de la gestion passive remontent au début des années septante. Mais c’est véritablement avec la naissance des fonds indiciels cotés en Bourse que le phénomène a pris de l’ampleur en 1990 avec la création du premier ETF (Exchange Trade Funds) au Canada.

La gestion passive est un mode de gestion qui consiste à essayer de dupliquer le plus fidèlement possible les performances d’un indice boursier et le gérant reste constamment investi indépendamment des circonstances de marché. A l’opposé, un gérant de fonds actifs prend ses décisions basées sur des critères fondamentaux tels que la solidité du bilan, la bonne tenue du compte de résultat ou encore la capacité à générer des flux de trésorerie et adapte sa stratégie en fonction des conditions de marché.

Grâce à des coûts moindres, la gestion passive s’est largement démocratisée et sa masse sous gestion a considérablement augmenté au cours de ces dernières années. Selon Bank of America, cette méthode d’investissement représente 53% des actifs gérés aux Etats-Unis contre à peine 20% en 2009.

Sous la pression de ces larges flux, les prix de ces produits passifs se sont largement appréciés et ont attiré d’autres acheteurs, comme un effet boule de neige. Certains investisseurs ont même sollicité leurs banques afin d’obtenir un crédit leur permettant d’augmenter sensiblement leur investissement. A tel point, que les soldes débiteurs des comptes sur marge de titres des clients se montent à plus de 700’000 millions de dollars aujourd’hui.

Les dangers de cette situation sont que si une récession ou un choc exogène devait survenir ces prochains mois, le retour de manivelle pourrait être violent. Les investisseurs seraient contraints de vendre leurs positions pour rembourser leurs lignes de crédit ce qui entraînerait une baisse des prix et inciterait d’autres acteurs à vendre afin de préserver leur capital. De ce fait, les corrections en bourse pourraient être plus importantes à l’avenir.

En conclusion, la gestion passive a pris le dessus sur la gestion active ces dernières années mais l’investisseur avisé ferait bien de maintenir un bon équilibre entre ces deux styles de gestion, afin de préserver son capital.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.