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L’économie indienne perd son rôle de locomotive

Economie

10.09.2019, par Olivier Nicolet, conseiller Private Banking à la BCN

Depuis début 2018, la croissance indienne a considérablement ralenti, au point de faire perdre au pays son statut de grande économie la plus dynamique au monde.

Sur le deuxième trimestre 2019, le produit intérieur brut a progressé de «seulement» 5%, soit à son rythme le plus faible depuis 2012. Ces chiffres placent désormais l’Inde derrière la Chine, dont la croissance s’est établie à 6,2% sur la même période, mais aussi derrière l'Indonésie et la Hongrie.

Consommateurs moins confiants

Après les investissements et les exportations, c’est au tour de la consommation privée de montrer des signes de faiblesse clairs. En août, les ventes de véhicules neufs ont chuté de 41% sur un an. Quant à celles de deux-roues, pouls de la santé économique rurale, elles ont reculé de 22%. Outre la baisse de confiance des consommateurs, les problèmes liés au système bancaire parallèle, plus connu sous le nom de shadow banking, ont entraîné de graves difficultés dans le financement des véhicules et des crédits de construction. Cela explique ainsi le niveau modéré des dépenses de consommation.

Autre problème de taille: l’évolution du marché du travail. Certes, il n’existe pas de statistiques fiables sur l’emploi, mais selon des estimations, le taux de chômage se situerait actuellement à son plus haut niveau depuis des années, voire des décennies. En fait, l’économie indienne n’a pas réussi à créer suffisamment d’emplois pour absorber tous les nouveaux jeunes arrivants sur le marché (environ 10 millions par an).

Prévisions de croissance revues

Pour redynamiser l’économie, la banque centrale indienne a déjà procédé à quatre baisses de taux cette année. Ce cycle devrait se poursuivre dans les prochains mois. Ceci, conjugué aux diverses mesures de relance économique annoncées par le gouvernement, laisse prévoir une accélération de la croissance. Elle devrait toutefois rester timide si l’on en croit les analystes. L’agence de notation Moody’s a même récemment revu à la baisse les perspectives pour l’Inde en tablant dorénavant sur une croissance de 6,2% pour l’exercice en cours, soit moins que les 6,8% prévu auparavant.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo. Photo Shutterstock.