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Le prix de la sécurité énergétique

Economie

29.03.2022, par Stéphanie Guillod, responsable Private Banking Montagnes

Vendredi, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont annoncé la création d'un groupe de travail pour aider l'Europe à s’affranchir du gaz russe. L'enjeu est énorme car ce dernier représente plus de 40% du gaz importé dans l'UE.

En vertu de cet accord, les Etats-Unis s’engagent à livrer au moins 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) au marché européen en 2022, avec des augmentations prévues à l’avenir. 

Pour le Vieux Continent, ce partenariat constitue un pas important vers l’atteinte de ses objectifs en matière de sécurité énergétique. Début mars, la Commission européenne avait présenté sa nouvelle stratégie. Baptisée REPowerEU, elle vise à rendre l'Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030. Selon ce plan, l’UE cherchera à remplacer les deux tiers des importations de gaz russe cette année déjà. Pour y parvenir, l’Europe veut augmenter ses importations de gaz liquéfié provenant de fournisseurs non russes. Australie, Qatar et Etats-Unis sont les plus gros exportateurs. Problème: l’Europe doit aussi faire face à une concurrence redoutable de la Chine (très consommatrice de gaz), dans un contexte d’offre mondiale limitée, avec des prix en forte hausse. Comme l’a évoqué Joe Biden lors du sommet de l’UE, «couper le gaz russe fera mal à l’Europe, mais c’est le prix à payer». 

Pour l’Europe, le temps presse. Elle se trouve aujourd’hui exposée à une coupure du robinet énergétique par le Kremlin. Un scénario qui la précipiterait dans une crise énergétique sans précédent dès l’hiver prochain si elle ne parvenait pas à augmenter ses réserves de gaz. Les sources d’énergies alternatives ne manquent pas: énergies vertes, hydrogène, biomasse, etc. Mais là encore toutes ces options ne peuvent être déployées du jour au lendemain. De manière plus réaliste, le nucléaire voire le charbon pourraient remplacer, à court terme, une partie du gaz russe. Certains membres de l’UE ont déjà fait leur choix. L'Allemagne, par exemple, a annoncé son intention de prolonger ses centrales à charbon. De son côté, la Belgique a repoussé de 10 ans sa sortie du nucléaire. 

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.