Le «jour de la libération» plonge les marchés dans l’incertitude
Avril aura été particulièrement volatil pour les actifs financiers. Le 2 avril, Donald Trump a annoncé les droits de douane dits réciproques à 175 pays et territoires, avec une formule de calcul déconcertant les économistes. En effet, elle implique de diviser le déficit commercial des Etats-Unis avec un pays donné par la valeur totale des importations américaines en provenance de ce même pays. En substance, elle considère tout déficit commercial comme preuve de protectionnisme ou de traitement inéquitable de la part du partenaire.
En revanche, elle ne tient pas compte des réalités économiques telles que l’avantage comparatif, l’intégration des chaînes d’approvisionnement ou les déséquilibres structurels du commerce. Les tensions ont atteint leur paroxysme lorsque Américains et Chinois se sont mutuellement infligés des tarifs sur les importations de respectivement 145% et 125%. Après la sidération, les marchés ont retrouvé des couleurs suite au début des négociations et terminent le mois en baisse beaucoup moins marquée.
Contraction de l'économie américaine
Au niveau macroéconomique, l’économie américaine s’est contractée de 0,3% au premier trimestre malgré une consommation des ménages résiliente de 1,8%. Les importations massives des entreprises américaines, avant l’entrée en vigueur des droits de douane, ont largement pesé sur la croissance. Les baisses des dépenses publiques, notamment militaires, ont été un autre détracteur. L’inflation (PCE) a reculé de 0,3% à 2,6% en rythme annuel et se rapproche de l’objectif de la Fed à long terme. En Suisse, l’indice des directeurs d’achat manufacturier continue d’évoluer en territoire de contraction à 48,9 en mars. Les services, qui représentent les trois quarts du PIB helvétique, restent en zone d’expansion à 50,6.
La Banque centrale européenne a baissé pour la 6e fois consécutive ses taux directeurs. Le taux de dépôt applicable aux banques s’élève désormais à 2,25%. Ce chiffre se situe dans la marge supérieure de la fourchette de neutralité monétaire indiquée par l’institut lui-même (1,75%-2,25%). L’affaissement du coût du travail au sein de l’UE ainsi qu’une croissance économique bien en deçà de son potentiel ont été les catalyseurs de la décision.
Une version de cet article a été publiée dans ArcInfo.