La vague des appartements avec encadrement se renforce
Pour répondre au vieillissement de la population et à l’entrée de plus en plus tardive des personnes âgées dans des résidences médicalisées, les acteurs de l’immobilier, poussés par les autorités cantonales, investissent dans les appartements avec encadrement. La nécessité de lien actuelle renforce encore cette tendance.
L’offre locative résidentielle pour seniors ou personnes à mobilité réduite s’étoffe. Le récent accord entre Swiss Prime Time et le géant des logements pour seniors Tertianum ou l’annonce du groupe vaudois Boas de proposer 1000 appartements «évolutifs» témoignent de l’engouement actuel. Quant au message de proposition d’aide de la jeune Julie, accroché au bas de son immeuble à Nyon début avril, il humanise ce mouvement immobilier.
En effet, loin d’être une nouvelle tendance de marché, le développement de cette offre s’inscrit dans une véritable politique en matière de logement menée par nos autorités cantonales. Celle-ci représente un volet primordial de la planification médico-sociale. Les appartements avec encadrement offrent une alternative attrayante aux personnes du 3e et 4e âge entre leur domicile devenu inadéquat et l’hébergement dans un établissement médicalisé. Au-delà d’un nouveau lieu de résidence, à la fois confortable et sécurisé, les aînés peuvent ainsi envisager avec sérénité leur avenir. Au travers de ces structures adaptées, ils conservent en effet le plus longtemps possible leur autonomie et profitent pleinement d’une vie active, où les relations humaines sont favorisées.
Intégrer des aspects techniques et humains
Dans leur conception, les logements doivent être adaptés aux personnes fragilisées, à mobilité réduite ou en situation de handicap. Ils ne doivent présenter aucune contrainte architecturale limitant les accès ou les déplacements. Les équipements doivent privilégier le bien-être et la sécurité des habitants. Mais l’agrément dans ce type d’habitat ne se trouve pas uniquement dans les aspects techniques de la construction. Les prestations de soins, de services ou d’accompagnement fournies, ainsi que l’existence de parties communes, instaurent un lien personnel à la fois entre locataires mais également avec toutes les personnes directement en contact. La localisation et l’environnement extérieur s’avèrent enfin déterminants.
Ainsi, des emplacements centraux ou privilégiant la mixité intergénérationnelle favorisent les échanges et renforcent la cohésion sociale au sein de la population. Ces notions ont démontré toute leur importance lors de cette crise du Covid-19, où la jeunesse a témoigné toute sa solidarité à l’égard des aînés.
Comment évolue l’offre d’appartements
Afin de répondre au défi de la transition démographique, les autorités du canton de Neuchâtel, pour prendre cet exemple, ont défini dès 2012 une planification médico-sociale pour faire face aux conséquences du vieillissement de la population. Les différentes stratégies élaborées visent à maîtriser les coûts de la santé tout en offrant aux classes d’âge à partir de 65 ans et à d’autres bénéficiaires des structures et des services pleinement adaptés à leurs besoins.
Pour mener à bien cette politique, le logement reste l’axe prioritaire. Toujours à Neuchâtel, les objectifs en la matière sont ambitieux avec la création ou l’aménagement de 1800 appartements avec encadrement envisagés à l’horizon 2030. Ce nombre correspond à près de 43 appartements pour 1000 habitants en âge AVS, avec la volonté d’obtenir une part de 40% à loyer modéré. Avec près de 200 logements recensés en quatre ans, le défi peut sembler difficile à relever, surtout dans le contexte sanitaire actuel aux répercussions si néfastes pour l’économie. Toutefois, la volonté politique reste intacte pour favoriser le développement des logements avec encadrement. Dans les autres cantons également, les initiatives se multiplient, souvent soutenues par les communes, à l’image des projets en cours à Collombey en Valais, ou à Préverenges dans le canton de Vaud.
Système d’aides très attractif
Confronté à de nouveaux paradigmes, les acteurs de l’immobilier devraient aujourd’hui renforcer cette vague, en profitant de l’environnement financier attractif actuel. Les maîtres d’ouvrage d’utilité publique (coopératives d’habitation, fondations et communes) disposent d’un système d’aides financières étatiques très attractif. Malgré une conjoncture défavorable, les porteurs de projets peuvent néanmoins compter sur des possibilités de financement favorables. En effet, les taux d’intérêts demeurent à un niveau extrêmement bas et permettent de viabiliser à terme de nouvelles réalisations.
Pour les acteurs privés, qu’ils soient promoteurs, investisseurs, constructeurs ou simples propriétaires, cette catégorie d’appartements avec encadrement offre une jolie alternative, par exemple pour répondre à la problématique du taux de vacance, en hausse partout hormis en Valais. Reprenons l’exemple du canton de Neuchâtel où les immeubles anciens sont particulièrement touchés. La rénovation de ces appartements pour les adapter aux personnes âgées constitue une piste intéressante. Pour favoriser ce type d’investissements, les mesures d’encouragement de l’Etat s’appliquent également sur un plan financier lorsque les critères d’encadrement sont remplis. Durant la phase de développement d’un projet, un accompagnement est également apporté pour toutes les démarches administratives.
Certaines aides publiques peuvent par ailleurs s’appliquer aux personnes souhaitant accéder à ce type de bien, via des prestations complémentaires par exemple, la création de logements avec encadrement à loyer modéré vise justement à favoriser les personnes aux moyens financiers limités.
La crise sanitaire du coronavirus nous amène à devoir repenser notre manière de produire, de fabriquer, de consommer, mais surtout de communiquer et de vivre. Pour les aînés, l’importance de disposer d’une habitation adaptée et de soutiens a été démontrée en cette période si difficile. Voilà donc, et s’il le fallait encore, une bonne raison pour soutenir le développement de logements avec encadrement !
Les clés principales
- Logement de 2 ou 3 pièces de 50 à 75 m2
- Proximité transports publics et commodités
- Construction selon la norme SIA 500 (sans obstacle)
- Salle commune
- Service d’alarme 24h/24
- Visites de sécurité et activités sociale
Une version de cet article est parue dans Générations.