Inflation et hausse des taux d’intérêt: quels risques pour les logements en propriété?
Lors d’une précédente chronique, nous avions commenté l’engouement constaté depuis le début de la pandémie pour les logements à usage propre. Dans un contexte sanitaire toujours incertain, la demande pour l’immobilier résidentiel persiste, avec une incidence marquée sur les valeurs foncières. Pour 2021, tout semble indiquer une nouvelle augmentation des prix des villas et des appartements en PPE en Suisse, mais également dans l’ensemble de notre canton. Si la volonté affichée par de nombreux acheteurs est censée à terme assurer au marché une forme de stabilité, certains éléments pourraient toutefois assombrir les perspectives.
Après de nombreuses années caractérisées par la faiblesse des taux d’intérêt, le loyer de l’argent a enregistré ces derniers mois un mouvement de remontée. La progression des taux en Suisse à moyen et long terme s’élève à ce jour entre 0,30 % et 0,40 %. Une tendance pas forcément prévue par les experts au début de la crise du Covid-19. La paralysie alors quasi complète de l’économie mondiale avait laissé plutôt présager un redémarrage très lent et coûteux des activités. Dans de telles circonstances, la poursuite de politiques monétaires accommodantes par les banques centrales semblait se justifier, écartant pour un certain temps tout risque de hausse des taux.
Mais à la surprise quasi générale, l’économie a très rapidement renoué avec la croissance, une vitalité faisant resurgir le spectre de l’inflation. Les prix ont fortement augmenté, principalement sur les matières premières et l’énergie. De prime abord, cette poussée inflationniste fait craindre un accroissement durable des taux d’intérêt aux Etats-Unis, en Europe mais également en Suisse. Avec des prévisions de croissance pour 2021 et 2022 favorables pour la majorité des économies, une accélération du renchérissement annuel n’est pas à exclure même si certaines analyses privilégient une flambée «passagère» des prix, susceptible de reculer au cours de l’année 2022.
Quelles répercussions pour l’habitat dans notre canton ? Depuis bon nombre d’années, la Banque nationale suisse (BNS) surveille de près l’évolution du secteur immobilier. L’endettement hypothécaire en Suisse, dont le volume a doublé en moins de 20 ans, est un indicateur majeur pour notre banque centrale. Avec une augmentation constante des prix des biens résidentiels durant ces deux dernières décennies, le niveau d’endettement des propriétaires suscite toujours certaines craintes quant à leur capacité à absorber une majoration subite des taux d’intérêt.
Si les risques liés à ces éléments conjoncturels et statistiques sont à prendre très au sérieux, les propriétaires dans notre canton peuvent néanmoins rester sereins. Les taux d’intérêt ont certes progressé mais demeurent tout de même historiquement bas. Les conditions de financement pour une durée de 10 ans se négocient actuellement à des niveaux inférieurs à 1,50%. Pour inquiéter réellement notre marché immobilier, peu exposé jusqu’à présent aux risques de bulle, le mouvement de hausse de taux observé cette année devra s’avérer bien plus marquant. Dans tous les cas, avec cette incertitude ambiante qui s’est installée, les emprunteurs doivent rester vigilants et saisir les opportunités de marché afin de conclure un prêt de longue durée, à des conditions encore très attractives!
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.