La BCN Actualites et medias Actualités Achats en ligne, le paradoxe de l’emploi

Achats en ligne, le paradoxe de l’emploi

Economie

14.05.2019, par Marie-Laure Chapatte, responsable du Pôle économique

La perte d'emplois dans le commerce de détail est-elle liée à l'accroissement des achats effectués en ligne? L'équation n'est pas si simple.

Jadis – enfin, pas au temps des dinosaures non plus –, l’épicier pesait encore ses fruits et légumes derrière son comptoir. Aujourd’hui, le client effectue lui-même cette opération. Mieux: il scanne également tous les produits en grande surface, gagnant toujours plus en autonomie. En raccourci, une course à la productivité s’est mise en place dans les supermarchés.

Ainsi, sur les dix dernières années, l’emploi dans le secteur alimentaire a été fortement sous pression avec une réduction de 18,5% du nombre d’équivalents plein temps en Suisse romande. La baisse atteint plus de 24% pour le canton de Neuchâtel, selon une récente publication des banques cantonales. A l’inverse, le secteur non alimentaire (sports, cosmétique, décoration, électronique, etc.) a vu ses effectifs croître de 2,4%.

C’est ici qu’intervient en partie le e-paradoxe. En effet, l’essor du commerce sur Internet s’est surtout manifesté dans les produits de consommation non alimentaires, représentant une part de 16% des ventes en Suisse, avec une prédominance pour l’habillement et l’électronique grand public. Si les chiffres d’affaires ont reculé, l’emploi a pour l’heure été globalement épargné, à l’exception de Neuchâtel, Vaud et le Jura, qui connaissent déjà une tendance négative.

Pression sur les prix et l'emploi

Les épiceries virtuelles restent quant à elles encore relativement marginales avec une part de 2,5% sur un marché de 39 milliards de francs. Pourtant, la pression sur les prix dans le secteur alimentaire se révèle importante, la baisse du cours de l’euro depuis la grande crise économique ayant notamment obligé les acteurs à réaliser des gains de productivité pour contrer le tourisme d’achat. 

Tout le monde s’accorde à dire que le commerce de détail souffre. Mais pour l’heure, les changements opérés par les grands distributeurs pèsent davantage sur l’emploi que l’e-commerce. Toutefois, les achats en ligne vont continuer à gagner du terrain et l’impact sur les effectifs pourrait s’accentuer. A moins que certaines plateformes helvétiques n’arrivent vraiment à s’imposer dans le cœur des consommateurs.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.

 Consulter la publication sur le PIB romand