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Rénovation énergétique: par où commencer?

BCNDurabilitéImmobilier

05.06.2025

Dans un contexte où les dépenses d’énergie représentent une charge importante et où les exigences légales se renforcent, rénover intelligemment devient essentiel. Mais une rénovation réussie ne se limite pas à changer une chaudière ou poser des panneaux solaires: elle repose sur une vision globale, une stratégie adaptée, et un accompagnement de confiance.

Eveline Job, architecte EPFZ / SIA / REGA, experte CECB et fondatrice du bureau KEZIA – Architecture & Energies, partage ici des étapes clés et des critères durables à considérer pour faire de chaque projet un investissement intelligent et porteur de sens. 

À quels moments un·e propriétaire d’immeuble doit-il se poser la question de la rénovation énergétique? 

Eveline Job: Aujourd’hui, les motivations pour entreprendre une rénovation énergétique sont multiples: prise de conscience écologique, volonté de réduire ses charges, anticipation de nouvelles exigences légales, ou simplement recherche de confort. 

Pour de nombreux propriétaires, c’est aussi un moyen d’investir de manière judicieuse — par exemple avant la retraite — afin d’assurer une meilleure maîtrise des coûts futurs et d’éviter des dépenses imprévues, souvent liées à des réparations d’urgence. Une rénovation bien conçue peut également représenter un véritable placement, permettant d’augmenter la valeur du bien tout en profitant de déductions fiscales avantageuses. Elle peut aussi accompagner une mise en valeur du bien, en vue d’une revente ou d’un changement de locataires. 

Les moments opportuns pour entamer cette réflexion coïncident souvent avec des travaux d’entretien programmés: remplacement du chauffage, entretien des façades, changement des fenêtres ou réfection de la toiture. Ces interventions peuvent être des occasions stratégiques pour intégrer des mesures d’amélioration énergétique et accéder aux subventions disponibles. 

Il est donc essentiel d’envisager la rénovation dans une vision globale. Trop souvent, des propriétaires bien intentionnés prennent des décisions isolées — comme le remplacement de fenêtres — sans avoir considéré la future isolation de façade, ce qui peut engendrer des problèmes au niveau des embrasures, voire limiter l’efficacité des rénovations futures. Même lorsque les interventions sont différées dans le temps, le fait de les avoir anticipées permet d’optimiser les coûts et les performances globales du bâtiment. 

Enfin, la rénovation ne consiste pas simplement à remplacer des éléments anciens par des solutions dernier cri. Même des composants relativement récents — comme des fenêtres posées en 2010 — peuvent aujourd’hui être considérés comme obsolètes sur le plan énergétique. Mais leur remplacement doit être réfléchi: dans une démarche durable, on tient aussi compte de l’énergie grise liée à la fabrication, au transport et à la mise en œuvre des matériaux. 

En Suisse, les lois évoluent rapidement pour atteindre les objectifs climatiques, notamment en matière de réduction des émissions de CO2 liées aux bâtiments. Jusqu’à récemment, les efforts se concentraient surtout sur la réduction de la consommation d’énergie pendant l’exploitation du bâtiment (chauffage, eau chaude, électricité). Mais aujourd’hui, l’énergie grise – c’est-à-dire l’énergie nécessaire à la fabrication, au transport, à la mise en œuvre, puis à la fin de vie des matériaux – prend une importance croissante. 

Dans ce contexte, rénover intelligemment, c’est aussi éviter de remplacer systématiquement des éléments encore fonctionnels, ou privilégier des matériaux locaux, durables ou issus du réemploi, afin de limiter l’impact environnemental global du projet. L’énergie consommée en exploitation n’est pas le seul critère pertinent : la performance environnementale d’un bâtiment se mesure aussi à la lumière de son cycle de vie complet. 

Quelles sont les étapes clés d’un processus de rénovation et comment les aborder? 

Une rénovation bien menée repose sur une vision d’ensemble et un pilotage cohérent. Elle s’articule généralement en quatre grandes étapes, toutes interdépendantes: 

1. Conseil préliminaire et évaluation de la situation 

Des programmes comme le conseil incitatif "Chauffez renouvelable", financé par la Confédération, offrent gratuitement une première évaluation énergétique du bâtiment, centrée sur les besoins de chauffage. C’est une excellente porte d’entrée pour initier une réflexion globale, en posant les bonnes bases techniques et stratégiques. 

Ce diagnostic peut être complété par un certificat CECB®, qui fournit une image fiable des performances actuelles du bâtiment et propose des axes d’amélioration. 

La version CECB Plus permet, en concertation avec le maître d’ouvrage, de développer jusqu’à cinq scénarios de rénovation personnalisés, incluant une estimation budgétaire, les subventions mobilisables et les économies d’énergie attendues. 

Avec l’aide d’un architecte et/ou d’un expert énergétique, le maître d’ouvrage affine les options selon les priorités techniques, le budget disponible et les objectifs à long terme, pour définir une stratégie évolutive et sur mesure. 

2. Avant-projet, projet de rénovation et autorisations 

Une fois la stratégie définie, les phases d’avant-projet et de projet permettent de consolider les choix, d’affiner les coûts et d’intégrer des interventions complémentaires (comme l’aménagement de combles, des agrandissements ou la valorisation d’espaces non exploités). 

Ces étapes sont également cruciales pour préparer les demandes de subventions et, lorsque nécessaire, déposer les autorisations administratives. 

Elles devraient idéalement être pilotées par un bureau d’architecture spécialisé, afin de garantir la cohérence entre les aspects techniques, énergétiques, réglementaires et esthétiques du projet. 

3. Réalisation et suivi de chantier 

La phase d’exécution doit être minutieusement planifiée. Elle implique une phase d’appels d’offre précise, une coordination fluide entre les artisans, l’architecte et les ingénieurs, ainsi qu’un suivi rigoureux du chantier. 

La réussite dépend autant de la qualité des travaux que de la capacité à respecter les objectifs énergétiques fixés dans les études préalables. 

4. Suivi post-travaux et optimisation des performances 

Trop souvent négligée, cette étape est pourtant essentielle pour garantir le plein bénéfice de la rénovation énergétique. Une fois le chantier terminé, il est important de vérifier si les performances réelles correspondent aux prévisions. Ce qu’on appelle le “gap de performance” (l’écart entre théorie et réalité) peut être significatif. 

Des réglages fins sont parfois nécessaires, tels que l’ajustement du chauffage ou des courbes de chauffe, l’optimisation de l’autoconsommation solaire – par exemple grâce à des systèmes intelligents qui synchronisent les usages avec les pics de production photovoltaïque – ou encore l’accompagnement des usagers, afin qu’ils comprennent mieux leur installation et puissent adapter leur comportement en conséquence. 

Ce suivi post-rénovation permet d’optimiser les résultats obtenus, parfois avec des ajustements simples mais efficaces. De nombreux propriétaires ne réalisent pas qu’en affinant certains réglages techniques ou en adaptant quelques habitudes d’usage, ils pourraient encore réduire leur consommation énergétique et améliorer sensiblement le confort du bâtiment. 

Cet aspect est particulièrement crucial dans le cas des bâtiments de grande taille, où les effets cumulés peuvent avoir un impact significatif sur la performance globale et les coûts d’exploitation. 

Quels critères mettre dans la balance pour s’assurer du bénéfice d’une rénovation? 

La question du bénéfice est sur toutes les lèvres. Mais avant d’y répondre, encore faut-il définir de quel bénéfice on parle: S’agit-il de rentabilité financière? D’économies d’énergie? D’un meilleur confort au quotidien? Ou d’un investissement sur la valeur à long terme? 

Une rénovation ne se juge pas uniquement au prix des travaux, ni même aux seules économies qu’elle permet. Pour en mesurer la pertinence, il faut adopter une approche globale, en mettant en balance plusieurs dimensions : 

  • Les économies d’énergie et de charges, significatives à moyen et long terme;
  • Les subventions disponibles (commune, canton, Confédération), qui peuvent réduire fortement l’investissement net;
  • La valorisation du bien immobilier, à la vente comme à la location;
  • Les avantages fiscaux, notamment les déductions d’impôts liées à l’amélioration énergétique;
  • Le confort des occupants : température plus stable, meilleure qualité de l’air, réduction du bruit, élimination de polluants;
  • L’impact environnemental global, en intégrant l’énergie grise et le choix des matériaux durables. 

La rénovation juste est celle qui optimise tous les critères de la durabilité. Elle doit être économiquement soutenable – en optimisant les coûts et la valeur du bien –, énergétiquement performante et écologiquement responsable, en limitant son impact et en valorisant les ressources. Elle doit contribuer également à améliorer les conditions de vie de toutes et tous. 

Vers qui se tourner lorsque l’on songe à rénover son immeuble et comment être bien accompagné·e ?

La première étape consiste à s’entourer d’un bureau d’architecture spécialisé dans la rénovation durable et les questions énergétiques, capable de proposer une approche globale, intégrant à la fois les enjeux architecturaux, techniques, patrimoniaux et énergétiques. Un accompagnement en binôme, réunissant un·e architecte et un·e expert·e énergétique (notamment certifié·e CECB), est particulièrement pertinent car il permet d’aborder le projet sous tous ses angles. 

Il ne s’agit pas seulement de résoudre des problèmes techniques ponctuels, mais de piloter l’ensemble du processus : analyse initiale (conseil incitatif, CECB Plus, variantes), avant-projet, demandes de subventions, permis de construire, appels d’offres, suivi de chantier et phase post-travaux. 

Cette approche intégrée est aujourd’hui formellement reconnue par les autorités cantonales. Dès 2026, le canton de Neuchâtel mettra en place une aide financière destinée aux propriétaires de bâtiments classés en 1ère catégorie de protection du patrimoine et notés F ou G au CECB. Cette aide vise à soutenir les coûts de planification architecturale et énergétique, sous réserve que le projet soit confié à un architecte ou binôme (architecte + expert CECB) figurant sur la liste officielle des personnes ayant suivi la formation RÉNO-NE. 

Ce soutien, d’un montant maximal de CHF 10'000 (CHF 5’000 canton + CHF 5’000 commune), montre à quel point la planification intégrée entre architecture, patrimoine et énergie est aujourd’hui considérée comme essentielle pour assurer des rénovations cohérentes, durables et compatibles avec les enjeux climatiques comme patrimoniaux.

Au travers de sa gamme EcoHabitat, la BCN soutient les projets immobiliers qui s'inscrivent dans une démarche durable. De plus, avec une enveloppe de CHF 2 millions, la BCN offre une contribution financière inédite à sa clientèle pour encourager la pose de panneaux solaires dans le canton.

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