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Un vent de désordre souffle sur le marché du pétrole

EconomieInvestissement

13.05.2025, par Thibaut de Coulon, Gérant de fonds

L’OPEP+, alliance entre les membres historiques de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d’autres grands producteurs comme la Russie, a pour objectif de réguler collectivement l’offre de pétrole. À travers des quotas de production ajustés régulièrement, elle tente d’équilibrer le marché mondial, d’éviter une trop forte volatilité et de garantir des revenus stables aux pays producteurs. 

Aujourd’hui, cette mécanique bien huilée semble grincer. Le cartel vient d’annoncer une hausse surprise de 411’000 barils par jour pour juin, soit trois fois plus que prévu. Une décision qui fait ressurgir les tensions internes et alimente les doutes quant à la capacité de l’OPEP+ à maintenir une ligne commune. 

En toile de fond, deux dynamiques s’opposent. D’un côté, une demande fragilisée par les tensions commerciales insufflées par Donald Trump qui freinent les perspectives de croissance mondiale. De l’autre, une offre qui s’emballe, alimentée par les dépassements croissants de certains pays producteurs par rapport aux quotas fixés. Le Kazakhstan, qui a d’ailleurs récemment affirmé qu’il définirait désormais sa politique de production selon ses intérêts nationaux et non ceux du cartel pétrolier, les Emirats arabes unis ou encore l’Irak produisent largement au-delà de leurs engagements. De quoi faire craindre une véritable guerre des prix. En effet, l’Arabie saoudite, probablement le membre le plus influent du cartel, pourrait chercher à sanctionner les membres indisciplinés en inondant le marché de brut.

Climat d'incertitudes

Les divergences internes rendent les décisions futures particulièrement incertaines et importantes. Certains observateurs redoutent une fuite en avant où chaque pays, lassé des contraintes collectives, déciderait de produire selon ses propres intérêts. Ce climat d’incertitude accroît le risque de surabondance, ce qui pourrait peser davantage sur les prix du baril déjà au plus bas depuis quatre ans. Si certains producteurs voient leur rentabilité menacée, le consommateur, lui, pourrait bénéficier à court terme de prix plus bas à la pompe.

Une version de cet article a été publiée dans ArcInfo.