La BCN Actualites et medias Actualités Un nouveau pas vers la «dédollarisation» ?

Un nouveau pas vers la «dédollarisation» ?

Economie

14.02.2023, par Arnaud Chatagny, collaborateur Trésorerie & Négoce

Le Brésil et l’Argentine ont entamé des discussions dans le but de créer une zone monétaire unique. L’idée pourrait également s’étendre à d’autres pays sur le continent. L’objectif est de stimuler le commerce entre ces régions et de réduire la dépendance à l’égard du dollar américain. 

Le processus de «dédollarisation», soit le fait de substituer l’utilisation du billet vert comme monnaie de référence utilisée dans les échanges commerciaux, s’est amplifié ces dernières années. Ceci reflète la volonté de certains pays de se libérer de l’hégémonie du dollar et de l’impact des politiques monétaires américaines sur leurs économies. En 2002, le dollar représentait 70% des réserves de change de banques centrales. Ce taux est désormais inférieur à 60%. De nombreux pays s’orientent désormais vers des contrats libellés dans leur monnaie respective, comme le géant gazier russe qui facturera désormais directement ses livraisons à la Chine en yuans.

Un projet de longue haleine

La création d’une nouvelle zone monétaire ne se fait toutefois pas du jour au lendemain et les pays européens ont notamment mis près de 35 ans avant de concrétiser la mise en place de l’euro. Jusqu’à présent, la Banque centrale brésilienne avait freiné le projet d’union monétaire avec son voisin, l’Argentine n’offrant pas tous les gages de confiance. En janvier, les prix à la consommation ont pratiquement doublé en une année avec une inflation affichée à 94,8%, du jamais vu depuis 1991. De plus, le pays a fait défaut deux fois sur sa dette lors des deux dernières décennies, en 2001 et 2020. D’autres facteurs comme l’instabilité du taux de change entre les deux monnaies (dépréciation du peso de 95% contre le real depuis 2005), ainsi que la désynchronisation des cycles économiques entre les deux pays semblent également constituer des freins importants.

L’exemple de la crise de la dette souveraine en zone euro a montré les limites de l’intégration d’économies affichant de grandes disparités, d’autant plus si les politiques monétaires et budgétaires ne se sont pas coordonnées. 

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