La BCN Actualites et medias Actualités Temps partiel, oui, prévoyance à temps partiel, non!

Temps partiel, oui, prévoyance à temps partiel, non!

Investissement

07.06.2022, par Sandra Hegetschweiler, conseillère en planification financière

Le travail à temps partiel a la cote puisque sa part n’a cessé de progresser pour atteindre 37% en 2021. Mais quel est son impact sur la prévoyance? 

1er pilier

La rente du 1er pilier se base sur le revenu annuel moyen qui est composé des revenus gagnés durant sa carrière professionnelle, des bonifications pour avoir eu des enfants ou prêter assistance à des proches parents et d’un éventuel supplément de carrière en cas de décès de l’assuré(e) avant ses 45 ans. Si ce revenu moyen déterminant s’élève au moins à 86’040 francs (seuil pour l’année 2022), une rente maximale de vieillesse ou d’invalidité de 28’680 francs, voire une rente de conjoint survivant de 22’944 francs sera versée.

On comprend aisément qu’une baisse du salaire consécutive à une réduction du taux d’activité lucrative sur plusieurs années entraînera une diminution du revenu moyen et, par effet de cascade, de la rente du 1er pilier; le revenu de 86’040 francs étant rarement atteint, cette dernière oscillera par conséquent entre 956 francs et 1’897 francs par mois en cas de décès ou entre 1’195 francs et 2’371 francs par mois lors d’invalidité et de retraite.

Dans l’AVS, les cotisations sont versées même en période de chômage, et les tâches éducatives ou d’assistance sont compensées par des bonifications. Sachant que le montant de la rente du 1er pilier est aussi tributaire du nombre d’années de cotisation, la décision de cesser totalement un travail rémunéré peut créer des lacunes selon sa situation maritale. Et qui dit lacune dit baisse supplémentaire éventuelle de sa rente de vieillesse, mais également celles d’invalidité et de conjoint survivant.

2e pilier

L’objectif de la prévoyance professionnelle est de compléter la rente AVS afin de permettre aux assurés de s’approcher de leur niveau de vie antérieur une fois à la retraite. La prévoyance professionnelle est obligatoire pour les salariés qui gagnent au moins 21’510 francs par an.

La prévoyance professionnelle prend appui sur les prestations de l’AVS et n’assure pas la totalité du revenu: pour 2022, un montant de 25’095 francs en est déduit, appelé la «déduction de coordination». Le salaire assuré correspond au revenu annuel moins cette déduction, raison pour laquelle on parle aussi de «salaire coordonné». Il s’élève au minimum à 3’585 francs et au maximum à 60’945 francs  (les 86’040 francs ci-dessus, auxquels sont soustraits 25’095 francs).

La prévoyance professionnelle est financée par capitalisation: les assurés et leurs employeurs versent des bonifications de vieillesse, différentes par tranche d’âge, auprès de leur caisse de pension qui constitueront, avec les intérêts, un capital pour financer les prestations dont ils bénéficieront plus tard.

Parent à temps partiel qui joue avec son enfant

Prenons un exemple chiffré. Pierre et Marie, 35 ans chacun, sont en couple. Ils sont tous deux salariés et perçoivent chacun un même revenu brut de 86’040 francs par année à 100%. Ils attendent un heureux événement et ont décidé de réduire leur taux d’activité respectif à 80% après la naissance de leur premier enfant. Leur revenu brut total diminue de 20%, mais la baisse de leur salaire assuré global sera plus drastique et diminuera d’un peu plus de 28%, car la déduction de coordination n’a pas été adaptée au changement du taux d’activité. 

Les conséquences? Même en ayant cotisé depuis leurs 25 ans, en considérant un taux d’intérêt de 1%, le couple verra les capitaux de vieillesse projetés diminuer de près de 24% à leur retraite respective, voire de plus de 35% si une réduction supplémentaire du taux d’activité de 10% est envisagée. 

Enfin, le choix d’abaisser son activité lucrative n’a pas seulement des conséquences sur les futures allocations de retraite, mais aussi sur les prestations versées en cas d’incapacité de gain et de décès suite à une maladie. Ces dernières constituent aussi un effet collatéral d’une activité à temps partiel dans le cadre des prescriptions minimales légales.

3e pilier

En complément aux deux premiers piliers, les personnes actives peuvent, à titre facultatif, constituer un 3e pilier a. Les salariés affiliés à un 2e pilier peuvent effectuer des versements au 3e pilier et déduire de leur revenu imposable jusqu’à 6’883 francs par année. Les personnes n’ayant pas de 2ème pilier peuvent verser et déduire annuellement du revenu imposable jusqu’à 34’416 francs (montants 2022).

Il est important de souligner qu’il s’agit de montants plafonnés, tout versement via un 3ème pilier a, quel que soit son niveau, est le bienvenu, même si une activité à temps partiel engendre moins de rentrée d’argent et amenuise la capacité d’épargne. Si la flexibilité est avant tout recherchée, un compte d’épargne bancaire est la prestation idéale. 

Un produit d’assurance-vie pour un pilier 3a permettra, quant à lui, d’avoir un capital à l’échéance du contrat tout en couvrant les risques en cas d’invalidité ou de décès, mais pour autant que la prime soit versée chaque année en temps voulu. 

Conclusion 

Chaque parcours de vie étant différent, il est recommandé d’effectuer une analyse de sa situation financière à partir de 50 ans en vue de la retraite. Un divorce, un retrait du 2e pilier pour un achat immobilier principal, voire le souhait d’une retraite anticipée auront un impact d’autant plus conséquent sur les prestations à la retraite, surtout dans le cadre d’une activité à temps partiel. 

5 conseils

  1. Commander son extrait AVS pour constater si des cotisations manquent ; un versement rétroactif est possible dans un délai de 5 ans.

  2. Selon sa capacité d’épargne, augmenter son versement au 3e pilier a si le maximum n’est pas atteint, puis effectuer des rachats dans la caisse de pension en cas de lacune.

  3. Demander une copie du règlement de prévoyance de son employeur pour en connaître les conditions.

  4. Investir son pilier 3a en fonds de placement pour l’accroître. 

  5. Effectuer une analyse de risques, à chaque changement personnel ou professionnel, principalement si on est propriétaire.

Une version de cet article est parue dans Générations.