Tempête sur les énergies renouvelables
L'industrie des énergies renouvelables en Europe, tant le solaire que l’éolien, est sur la sellette. Un paradoxe d'autant plus étonnant qu'on ne cesse de parler de transition énergétique et que des milliards d’investissement sont prévus pour répondre aux ambitions de décarbonation des gouvernements. Mais pour une industrie, le fait que la demande ne soit pas un problème pour des décennies n'est pas forcément synonyme de prospérité.
Pendant longtemps, le narratif a hypnotisé les investisseurs. Mais aujourd’hui, l’attention se porte sur les dynamiques économiques réelles d’un secteur qui accumule les déconvenues opérationnelles et financières depuis plusieurs mois. Le pouvoir de fixation des prix est faible, l’industrie très cyclique et l'activité intensive en capital. C'est un cocktail dangereux, particulièrement suite à l’envolée des taux d’intérêt.
Aujourd’hui, le coût de l'emprunt représente 15% du prix final de l’électricité éolienne. Cette hausse des coûts de financement compresse d’autant les marges d’un secteur endetté, qui dépend d’investissements de départ importants. S’ajoute à cela l’inflation sur les matières premières, des projets souvent complexes à mettre en œuvre qui riment avec retards et surcoûts tout comme l’impossibilité pour les financiers d'établir un modèle de valorisation fiable puisque les recettes futures dépendent directement… du vent ou du soleil.
Pour ne rien arranger, les fabricants chinois vendraient leurs panneaux solaires deux fois moins chers que leur prix de revient alors qu'une éolienne de fabrication chinoise coûte jusqu'à 50% moins cher que son homologue européenne.
L'équilibre économique de l'énergie verte repose donc sur la taille du coup de pouce que les gouvernements veulent bien accorder. Pour le secteur et les politiques, cette crise arrive à un moment charnière, car il faut investir maintenant, sous faute de voir les objectifs de l'agenda vert être réinitialisés. La loi européenne sur « l’industrie net zéro », qui devrait être approuvée ces prochains jours par le parlement, pourrait constituer une bouffée d’oxygène bienvenue.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.