Retour à la normale pour les taux d’intérêts
Ebranlés par la crainte de taux directeurs durablement élevés, les investisseurs ont enclenché la climatisation au cours de ce mois d’août caniculaire. Dans un mois où la liquidité est traditionnellement faible, les inquiétudes sur le marché immobilier chinois ont renforcé le sentiment d’aversion au risque.
Cependant, cette récente correction apparaît comme une pause saine après un rallye boursier conséquent depuis le début de l’année. Ce repli s’est d’ailleurs déroulé de manière plutôt ordonnée, rétablissant la santé technique du marché avec une contraction des valorisations et la normalisation des indicateurs de sentiments.
Parallèlement, les fondamentaux économiques restent solides aux Etats-Unis. Le moteur de l'économie américaine - la consommation - continue de tourner à plein régime avec une hausse de 0,7% en juillet. La production industrielle a quant à elle crû de 1%. Avec une activité toujours résiliente malgré le resserrement marqué de la politique monétaire, le consensus en déduit que des taux plus élevés pendant plus longtemps seront nécessaires pour que la désinflation perdure. Dans ce contexte, la baisse de l’indice de confiance des consommateurs et le niveau des offres d’emplois au plus bas depuis mars 2021 ont été interprétés comme une bonne nouvelle par les investisseurs. En effet, un marché du travail moins tendu est moins susceptible de pousser la Réserve fédérale américaine à relever ses taux.
Les rendements sur les bons du trésor à 10 ans se sont d’ailleurs quelque peu détendus après avoir atteint leur niveau le plus élevé depuis 16 ans à presque 4,4%. Ce niveau correspond peu ou prou à la somme du rendement réel actuel à 10 ans de 1,9%, cristallisé pas les obligations protégées par l’inflation, et les projections d’inflation à long terme de 2,4%. Exprimé autrement, le marché obligataire pense que l'ère des taux ultra-faibles est révolue. Ce nouveau paradigme pose cependant des questions clés sur la durabilité d'une architecture économique (capital-risque, endettement public et privé, etc.) bâtie sur l'argent gratuit depuis plus d’une décennie.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.