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Les marchés oscillent en plein paradoxes 

Investissement

09.05.2023, par Vincent Schwery, gérant de fonds

«Le marché est un pendule qui oscille constamment entre un optimisme insoutenable et un pessimisme injustifié.» Cette citation du journaliste américain Jason Zweig reflète parfaitement les conditions actuelles qui prévalent dans l’esprit des investisseurs.

A titre d'illustration, les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans ont chuté d'environ 0,4% en janvier, ont rebondi de la même ampleur en février, puis rechuté ont de 0,4% en mars et ont continué d’être très volatils en avril. L'amplitude de ces mouvements dans les deux sens est rare, illustrant la difficulté à trouver un prix d'équilibre pour les actifs financiers dans un contexte d'incertitudes macroéconomiques persistantes.

Avril n’a pas fait exception à la règle. En l’espace de trois jours, les investisseurs ont été capables de s'enthousiasmer pour la dynamique économique mondiale grâce à une croissance chinoise robuste, puis de déchanter suite à une enquête ISM décevante. Rare en effet sont les cas où la perception des décideurs du secteur manufacturier américain était tombée à ces niveaux sans qu’il n’y ait eu de récession. Aujourd'hui, la thèse de l'atterrissage en douceur semble faire son retour après la publication d’indices PMI solides en Europe. Ces indicateurs avancés du secteur privé mettent toutefois en évidence une croissance déséquilibrée reposant exclusivement sur les services.

Autre ambivalence, les marchés sont plutôt fringants alors que le positionnement reste prudent avec un pourcentage nettement plus élevé d’investisseurs baissiers que haussiers. Ces positions montrent qu’une partie des investisseurs n’est pas à l’aise avec la vigueur actuelle du marché. Dernière contradiction, la volatilité s’est évaporée avec l’indice VIX, appelé aussi indice de la peur, au plus bas depuis 18 mois. En général, ces phases sont synonymes d’un environnement qui se normalise alors qu’aujourd’hui la visibilité est faible entre incertitudes économiques, inflation persistante, resserrement monétaire, questionnement sur la solidité du secteur bancaire et les craintes de contraction des résultats d’entreprises.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.