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Le dilemme japonais

Investissement

25.10.2022, par Arnaud Chatagny, collaborateur Trésorerie & Négoce

Contrairement à la quasi-totalité des banques centrales mondiales, l’institut japonais continue de mener une politique monétaire ultra-accommodante, caractérisée par un taux directeur négatif à -0,10% ainsi que par des achats illimités d’obligations gouvernementales afin de plafonner leurs rendements à dix ans à 0,25%.

Il faut dire que les décideurs nippons sont confrontés à un dilemme : maintenir des taux d’intérêt faibles en anticipant un recul de l’inflation ou procéder à des ajustements de politique monétaire au risque de fragiliser la croissance économique du pays ? 

Objectif dépassé

Même si la hausse généralisée des prix est nettement moins élevée au Japon que dans d’autres économies, l’inflation évolue toutefois depuis le mois d’avril au-dessus de l’objectif de 2% fixé par la banque centrale. En septembre, elle a atteint 3%. Si l’on exclut l’année 2014, marquée par une réforme de la TVA qui avait eu un effet anormal sur les prix, il s’agit d’un plus haut depuis plus de 30 ans. L’institut nippon estime toutefois que les prix ont augmenté sous l’effet de paramètres exogènes, notamment la hausse des prix de l’énergie, et que cela ne résulte pas d’une forte demande domestique. L’institut table désormais sur un retour de l’inflation en-dessous de 2% dans le courant de l’année prochaine.

La dépréciation du yen

La stratégie de la Banque du Japon a toutefois un coût et pourrait se retourner contre l’archipel, tant elle pénalise sa monnaie. La paire dollar/yen a d’ailleurs récemment atteint un plus haut depuis plus de 30 ans en franchissant le niveau symbolique de 150. Historiquement, la faiblesse du yen était un facteur positif pour l’économie japonaise, car elle permettait de doper les bénéfices générés par les entreprises nippones à l’étranger. Néanmoins, dans le contexte actuel, le recul de la monnaie nationale amplifie l’inflation en renchérissant le coût des importations. Si une intervention sur le marché des changes de grande ampleur semble imminente, il est cependant difficile de prédire si son impact sera suffisant pour contenir durablement la dépréciation du yen.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.