La BCN Actualites et medias Actualités Le changement climatique, jolie source d'opportunités

Le changement climatique, jolie source d'opportunités

Investissement

14.02.2020, par Fabio Muccigrosso et Vincent Schwery, gérants de fonds

S’il agite les débats en entrant dans l’arène publique, le changement climatique devrait plaire aux investisseurs. La transformation de notre modèle économique actuel vers un modèle plus soutenable crée en effet de formidables opportunités d’investissements, potentiellement plus importantes et plus nombreuses que celles qui ont émergé à l’arrivée de l’internet.

Outre la prise de conscience de la population, des changements fondamentaux sont observés. D’une part, les entreprises commencent à intégrer le changement climatique dans leur stratégie, sous la pression des consommateurs et des investisseurs. D’autre part, les réglementations changent et les programmes étatiques se multiplient, comme le Green Deal annoncé par l’Union européenne. Ce pacte vert sera doté d’un budget de 1’000 milliards d’euros sur dix ans, pour lutter contre le réchauffement climatique. Ce montant indique que l’investissement lié au changement climatique sera colossal. Ainsi, le changement climatique représente l’une des plus grandes opportunités d’investissement de notre époque. Son effet se fait déjà sentir sur de nombreux secteurs d’activités:

1. Les énergies renouvelables

Le pourcentage d’électricité issu d’énergies renouvelable devrait croître de 50% en cinq ans. Certaines  sociétés ont su se positionner pour en profiter.La société américaine FirstSolar par exemple applique une nouvelle technologie pour produire des panneaux photovoltaïques qui convertissent jusqu’à 7,5% d’énergie solaire de plus que la technologie conventionnelle. De plus, l’empreinte carbone de ces panneaux est jusqu’à six fois inférieure aux installations traditionnelles en silicium.

En Suisse, Gurit s’impose comme le producteur de référence dans le domaine des pâles des éoliennes. Le chiffre d’affaires ainsi que le cours de bourse progressent très rapidement grâce à des compétences spécifiques dans les matériaux composites. Ces derniers permettent de produire des pâles plus solides, plus rigides et plus légères, améliorant ainsi l’efficience des éoliennes.

Les opérateurs de réseaux sont également contraints de s’adapter à la volatilité générée par les énergies renouvelables. L’entreprise suisse Landis+Gyr se profile comme le leader mondial dans la gestion intelligente des réseaux. Elle a déjà déployé plus de 300 millions de dispositifs intelligents à travers le monde qui permettent d’économiser chaque année l’équivalent de sept fois la consommation en CO2 de la ville de Zurich. Landis+Gyr fournit également des batteries au lithium qui contribuent à maintenir la stabilité du réseau.

2. La mobilité

L’électrification des véhicules est  une réalité. Les changements dans les législations, que ce soit en Europe ou tantôt aux Etats-Unis,  constituent un chamboulement sans précédent pour les constructeurs traditionnels qui n’ont pas su adapter leur modèle d’affaire. En revanche, c’est une opportunité formidable pour les sociétés bien positionnées face à l’électrification des véhicules comme Tesla, unique fabricant de véhicules 100% électriques. En bourse, le cours de Tesla vole de record en record, au point que sa capitalisation boursière a franchi la barre des 130 milliards de dollars, soit l’équivalent de la valorisation cumulée des groupes Ford, General Motors et Fiat Chrysler.

Des opportunités d’investissements s’ouvrent également dans le domaine des transports en commun. Ici, Stadler Rail est bien positionné pour profiter des investissements destinés à l’amélioration des lignes de métro, de trams ou de train. De plus, l’entreprise alémanique est très innovante : elle a récemment décroché aux Etats-Unis sa première commande de train à hydrogène.

3. Le logement

Responsables d’environ 40% de la consommation d’énergie, les bâtiments sont soumis à des normes de construction de plus en plus strictes. De nombreuses entreprises suisses profitent de cette tendance, notamment Belimo qui se profile comme le chef de file mondial en matière de dispositifs pour la régulation des systèmes de chauffage et de ventilation. Ses servomoteurs permettent d’augmenter l’efficience énergétique des bâtiments et s’imposent comme une référence incontournable dans le domaine.

Très active en Allemagne, la société helvétique Arbonia, fabricant de fenêtres, de systèmes d’isolation et de chauffage, bénéficiera de l’adoption du plan climatique de nos voisins, qui comprend notamment des subsides importants pour troquer les anciennes installations de chauffage au fuel pour des dispositifs plus verts.  

Enfin, Sika profite de sa force d’innovation pour développer des nouveaux produits toujours plus durables que la génération précédente. Récemment, la société a introduit des toitures réfléchissantes qui réduisent les besoins en climatisation et réalisé un système de recyclage des déchets  permettant d’extraire les matières premières du béton et du mortier. 

4. Alimentation et boissons

Les consommateurs exigent des emballages moins gourmands en ressources et les entreprises doivent s’adapter. Nestlé a ainsi annoncé investir jusqu’à 2 milliards de francs pour passer des plastiques vierges aux plastiques recyclés.

La société finlandaise UPM et l’américaine DOW sont des précurseurs dans ce domaine. Ils ont récemment commercialisé un nouveau type de plastique qui utilise comme matière première la cellulose, elle-même issue de bois de forêt durable. Les emballages ainsi produits sont intégralement recyclables et favorisent la transition vers une économie circulaire. 

C’est également le cas du verre, qui constitue une alternative au plastique conventionnel. Le leader européen Vetropack, basé à Saint-Prex (VD), est très bien positionné avec la fabrication d’une verre plus léger et enregistre un joli succès dans les pays de l’Est de l’Europe, où la conscience du recyclage a fortement progressé.

Enfin, si l’on sort des emballages pour s’intéresser directement à l’agroalimentaire, l’élevage de saumon profite pleinement de la tendance liée à la réduction de CO2.  Sa faible empreinte écologique, comparativement à la viande notamment, en fait un aliment d’avenir tout comme ses qualités nutritives supérieures avec de nombreuses protéines et vitamines ainsi qu’une profusion d’oméga 3 et minéraux par kilo. De plus, cette industrie est protégée par des barrières à l’entrée très élevées, la production de saumon étant limitée à des zones géographiques précises où la température de l’eau le permet.

Alors, que retenir du changement climatique? S’il crée des risques en tant qu’élément perturbateur, il offre également de jolies opportunités pour les investisseurs.

Note: les sociétés citées dans cet article ne sont pas des recommandations d’achat. D’un point de vue d’investissement, il est important qu’une entreprise soit positionnée dans un secteur de croissance, mais d’autres critères sont à prendre en compte avant de valider un investissement.