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La réactivité, seule arme des investisseurs

Investissement

24.09.2019, par Victor Vogt, responsable de l’Asset Management

Si les issues de la guerre commerciale et du Brexit sont encore inconnues, un ralentissement industriel est en cours. Face à ces incertitudes, les investisseurs doivent trouver des poches d’opportunités, notamment dans le marché des actions, aux Etats-Unis et en Suisse. 

Que figure au menu des marchés financiers ces prochains mois? Les banques centrales, la santé de l’économie et la guerre commerciale principalement, même si d’autres thèmes pimenteront également l’ensemble çà et là. 

Si du côté des banques centrales une phase de hausse des taux de référence a démarré en 2017, au milieu de cette année, la tendance s’est inversée et des baisses de taux sont désormais attendues, ou déjà effectives pour certains pays. Les régulateurs sont à nouveau plus expansionnistes avec un objectif: éviter à tout prix une récession dans un contexte d’inflation relativement faible et de montée des risques géopolitiques et économiques.

Ralentissement manufacturier

Le ralentissement de la croissance n’est pas étranger à ce changement de cap. Par exemple, près de la moitié des pays devraient enregistrer une contraction de leur activité manufacturière au regard de l’indice des directeurs d’achats de ce secteur (PMI). L’Allemagne souffre notamment de la contraction de son industrie automobile. Du côté du PMI des services, le recul est moins marqué et les indicateurs restent en zone de croissance. Rappelons toutefois qu’une manufacture en récession n’entraîne pas automatiquement une récession globale. Depuis 1960 par exemple, sur les 11 déclins de la production industrielle, seuls 3 ont conduit à une récession générale. 

Dialogue maintenu

Si l’on s’attarde quelque peu sur les perspectives par pays, on constate alors que les Etats-Unis doivent faire face à la montée en puissance du conflit commercial avec la Chine. Seul point «positif» à l’heure actuelle : les gouvernements poursuivent leurs négociations et n’ont pas rompu le dialogue. Si cela devait arriver, alors le signal envoyé au marché serait particulièrement négatif. Quant à la consommation intérieure, elle soutient toujours la croissance, qui devrait atteindre 2,3% cette année. A noter que le taux de chômage américain flirte avec son niveau le plus bas de ces 50 dernières années.

Marché suisse intéressant

En Europe également, le taux de chômage poursuit son recul pour se rapprocher de son niveau de 2007, même si une perte de dynamisme se dessine. La croissance devrait se situer aux alentours de 1% pour 2019 et 2020, mais l’issue du Brexit – échéance cruciale fixée à fin octobre – pourrait avoir un impact important pour le Vieux Continent. En Suisse aussi, le taux de chômage reste faible, même si la santé déclinante du secteur manufacturier en Europe et le renforcement du franc pèsent sur les exportations helvétiques. Notons que, dans le contexte actuel, le marché des actions suisses reste toutefois intéressant en raison de son caractère défensif.

Traversons les continents pour ce constat dans les pays émergents: la croissance chinoise baisse de manière constante (tout de même +6,2% au deuxième trimestre), tirée vers le bas par la production industrielle qui a signé sa plus faible progression depuis 2002 («seulement» 4,4%). Cependant, les interventions du gouvernement et de la banque centrale permettent de maintenir l’économie du pays à flot. L’Inde ne fait plus figure de locomotive. Son produit intérieur brut a progressé de «seulement» 5% sur le deuxième trimestre, en raison d’une consommation privée en nette chute.

Dans ce contexte complexe, en raison de la distorsion créée par les politiques expansionnistes des banques centrales, de la faiblesse de la croissance et des différents conflits, les règles sont bousculées, si bien qu’il est difficile d’avoir une position tranchée en matière de placements. La BCN a un positionnement neutre sur les grandes classes d’actifs. Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas d’opportunités, mais qu’elles se situent plutôt dans les niches.

Quelques emprunts d’entreprise…

Peut-on par exemple encore considérer que les obligations sont sans risque vu les taux d’intérêts négatifs? Oui, il faut s’habituer au fait que la sécurité a un coût. Et le seul moyen d’avoir un rendement positif sur les obligations de la Confédération est que les taux poursuivent leur baisse. Dans ce contexte, la BCN privilégie les emprunts d’entreprises qui offrent des rendements plus favorables avec une duration plus courte, donc une exposition moins importante aux variations de taux.

Du côté des actions, même si ce marché a bien progressé, les valorisations sont dans leur moyenne à long terme et le différentiel avec les obligations (notamment grâce au revenu généré par les dividendes) plaide pour le maintien des actions en portefeuille, même si cette classe d’actifs est plus sujette aux risques actuels. Le rapport rendement-risque des actions reste équilibré, juge-t-on. Quant aux régions, le marché suisse est privilégié pour son caractère défensif et le marché américain pour sa dynamique de croissance comparativement supérieure. En revanche, la BCN se montre plus prudente à l’égard des actions européennes et japonaises.

Rendements et risques dans l’immobilier

La hausse des taux de vacance se répercute sur les loyers et les fondamentaux restent tendus, mais comme pour les actions, la différence de rendement avec le taux de la Confédération à dix ans soutient encore ce marché. Positionnement neutre également sur l’immobilier car d’un côté, les rendements restent intéressants mais, de l’autre, les risques liés à la valorisation élevée de l’immobilier sont bien présents.

En conclusion, les perspectives de cette fin d’exercice appellent un seul mot : la flexibilité.
Face au creux conjoncturel, la guerre commerciale et le Brexit, il faut être prêt à s’adapter à vitesse grand V. Que ce soit au niveau de l’Asset Management de la BCN ou au niveau de chaque investisseur, une seule règle : la réactivité !