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Gros nuages sur les pays émergents

Economie

12.05.2020, par Jean-Philippe Moullet, conseiller Private Banking

Pratiquement tous les pays émergents ont adopté des mesures de quarantaine, au niveau national ou régional. Dans certains d’entre eux, la production s’est quasi arrêtée et la consommation a fortement chuté. Le confinement décrété par les principaux partenaires commerciaux que sont les Etats-Unis ou la zone euro a également eu pour effet de réduire la demande de produits industriels et de matières premières en provenance de ces marchés.

Sur le marché des changes, l’abandon des monnaies émergentes au profit de monnaies plus importantes a fait ressurgir les inquiétudes concernant la soutenabilité de la dette émergente en devises étrangères. Sur ce point, les pays émergents ont retenu la leçon de la crise asiatique et leur dette en devises étrangères est aujourd’hui nettement inférieure à celle du passé, bien que certains pays restent relativement exposés – pensez à l’Argentine ou à la Turquie.

Lent redémarrage

Quoi qu’il en soit, un effet de rattrapage des retards de production et de la consommation est attendu à partir du second semestre, à mesure que la pandémie s’atténuera sur l’ensemble de la planète. La normalisation des chaînes logistiques et la reprise de la demande mondiale viendront alors soutenir un lent redémarrage. La croissance devrait néanmoins régresser cette année, d’un peu moins de 1% pour l’ensemble des économies émergentes. Dans certaines régions, il faudra s’attendre à des pertes similaires à celles vécues lors de la crise asiatique (1997-1998) ou lors de la crise financière (2008-2009). Le recul devrait ainsi être spécialement marqué dans les pays de l’Est de l’Europe ou d’Amérique latine.

Environnement économique défavorable

De plus, une comparaison avec la crise de 2008 montre que l’environnement actuel est moins favorable qu’à l’époque, où les économies émergentes sortaient d’une période dynamique, portée par l’effervescence de la mondialisation et la hausse des prix des matières premières. Cette fois-ci, elles ont derrière elles dix ans de croissance relativement anémique. Une lente reprise, avec une remontée du chômage, de l’endettement de l’économie et des taux de défaillance, les attend.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.