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Coups de bâton pour les pollueurs

Economie

16.03.2023, par Gary Sapsford, conseiller Private Banking

Plus de 100 euros la tonne! Le 21 février 2023, le prix des quotas carbone échangés sur le marché européen «Emissions Trading System» (ETS) a dépassé cette barre  pour la première fois de son existence. Il s'agit d'un pas important pour un marché qui a longtemps été critiqué pour être trop laxiste. Lancé juste avant la crise financière mondiale, le prix du carbone a été maintenu sous contrôle pendant la majeure partie de son histoire par une combinaison de niveaux de production industrielle plus faibles et d'un grand nombre de crédits carbone disponibles.

Quotas à la baisse 

Aujourd'hui, non seulement l'activité économique se redresse, mais l'Union européenne (UE) renforce également ses propres réglementations. En décembre 2022, les décideurs européens ont convenu de doubler le rythme des réductions des quotas d'émission à 4,3 % par année dès 2024. Les secteurs concernés par les ETS - à l'origine de 40% des émissions - vont voir leurs quotas être rabotés de 62% d'ici à 2030 par rapport à 2005. De plus, le périmètre de l'ETS sera étendu à d’autres secteurs, tels que le transport maritime, et un nouveau système sera créé pour les bâtiments, le transport routier et les carburants. Les quotas gratuits attribués à certains secteurs seront progressivement supprimés et une taxe carbone sera introduite à la frontière pour prévenir les fuites de carbone lorsque des entreprises se délocalisent, puis importent en Europe.

L'heure de vérité

Tout cela suggère que le prix du carbone peut rester élevé. Goldman Sachs a estimé qu'un prix mondial du carbone de 100 euros par tonne pourrait suffire à réduire les émissions mondiales d'environ 50%, et selon l'Agence internationale de l'énergie, la capture de carbone devient économiquement viable pour des secteurs tels que la production d'électricité, le ciment et l'acier. Les prix élevés pourraient former un cercle vertueux, car le coût élevé des émissions incite les entreprises à investir dans leur propre décarbonation et l'argent collecté par l'ETS va au Fonds d'innovation de l'UE, qui promeut les technologies à faible émission de carbone. L'heure de vérité s’approche pour les pollueurs: il faut soit réduire les émissions, soit payer très cher.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.