Vers l'intégration et au-delà
Pour la première fois de son histoire, la Commission européenne emprunte de l’argent au nom des 27 Etats membres. L’Europe a lancé mardi dernier un emprunt de 20 milliards d’euros sur 10 ans dans le cadre de son plan de relance baptisé « Next Generation EU ». Un petit pas pour la relance, un grand pas pour l’Union européenne (UE).
Le recours commun à l’emprunt est un mécanisme inédit qui témoigne de la solidarité européenne face à la crise du Covid-19. Ce plan a été proposé par la Commission européenne en mai 2020 et accepté en juillet de la même année par les 27 États membres, après d’intenses négociations pour surmonter l’hostilité de plusieurs pays dits «frugaux», Pays-Bas en tête, réticents à l’idée de devoir financer conjointement les dépenses de pays du sud de l’Europe, moins vertueux selon eux.
Le projet « Next Generation EU » est destiné à remédier à des déficiences structurelles telles que la « fracture » numérique, le changement climatique et les infrastructures physiques. Concrètement, l’argent levé en commun servira à financer la rénovation thermique de bâtiments, des projets ferroviaires, des bornes de recharge pour véhicules électriques, des réseaux de télécommunications à haut débit ou encore des infrastructures de stockage des données. Il totalisera 750 milliards d'euros, dont 672 milliards d'euros de subventions et de prêts qui seront accordés aux pays membres de l'UE. Si cette facilité est accessible à tous les membres, elle cible spécifiquement les pays les plus touchés par la crise, où les besoins en termes de résilience sont les plus importants. L'Italie et l'Espagne seront les principaux pays bénéficiaires avec près de 70 milliards d’euros chacune, suivies de la France (40 milliards).
Avec cette émission commune, l’Europe crée en quelque sorte un début de budget européen commun. Bien que le chemin à parcourir vers une intégration fiscale complète est encore long et parsemé d’embuche, l’étape qui a été franchie avec cette dette commune est un premier pas important. Une fois encore, c’est dans une crise existentielle que l’Europe s’est renforcée.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.