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Le rebond des marchés ne rend pas 2024 tout rose

Investissement

05.12.2023, par Vincent Schwery, gérant de fonds

Les bourses ont repris des couleurs en novembre, rassurées par les anticipations d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine et l’espoir d’un changement de cap de la politique monétaire (pivot) de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Ce rebond des marchés boursiers a une nouvelle fois surpris par sa rapidité et son amplitude : une hausse de 11% pour le Nasdaq (aux Etats-Unis), de 8% pour l’EuroStoxx 600 (en Europe), et de 5% pour le SPI (en Suisse). 

La cassure à la hausse a été déclenchée par une succession de développements favorables sous l’implusion de données ramenant le scénario «conte de fée» sur le devant de la scène. En novembre, l’inflation américaine a ralenti plus fortement que prévu pour s’établir proche de 3% et les ventes au détail se sont légèrejment repliées après six mois de hausses successives. Conjugués à un marché de l’emploi qui se détend, ces signaux permettent d’exclure tout nouveau resserrement de la Fed et même d’anticiper une série de baisses de taux en 2024.

L’idée d’un atterrissage en douceur est désormais omniprésente comme en témoigne la lecture des perspectives des principaux stratégistes financiers. La récession pourrait soit être évitée, selon la majorité des analystes, soit être très légère en 2024. La croissance des bénéfices devrait se situer entre 3,5% et 7% en Europe et entre 8% et 10% aux Etats-Unis. 

Cette vision positive pourrait cependant être exagérée. En effet, du point de vue monétaire, l’équilibre reste compliqué à trouver entre resserrement insuffisant et excessif, sachant qu’une hausse de taux nécessite 18 mois pour déployer ses effets. En conséquence le cycle de hausse qui se termine n’a pas encore totalement impacté l’économie. De plus, le marché sous-estime le risque que les banques centrales maintiennent un biais agressif pour asseoir leur crédibilité et ramener l’inflation à 2%. En filigrane, la problématique semble être plutôt une question de timing et d’amplitude de baisse des taux qu’une incertitude sur leur direction. Finalement, avec des indices des directeurs d’achat mondiaux qui faiblissent depuis de nombreux mois, le risque d’un ralentissement économique plus marqué ne peut être exclu.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.