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La quasi-totalité des classes d’actifs a vu rouge

Investissement

08.02.2019, par Philippe Rollier, responsable Private Banking

Les années se suivent mais ne se ressemblent guère. Cet adage populaire s’est vérifié sur les marchés l’an dernier. En effet, entre 2017 et 2018, les investisseurs sont passés du mode «confiance» au mode «incertitude».

Synchrone en début d’année, la croissance économique mondiale s’est révélée forte en 2018. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la progression du produit intérieur brut (PIB) a atteint 3,7% l’an dernier. Elle semble toutefois avoir atteint un point culminant. Au fil des mois, la montée des risques, liée notamment au durcissement des conditions financières et à l’exacerbation des tensions commerciales, a quelque peu entamé la dynamique économique et compliqué la tâche des investisseurs.

En effet, l’année a été notamment marquée par un fort retour de la volatilité. Au premier semestre, l’excellente santé des données macro-économiques a suscité des craintes inflationnistes. Puis, dès octobre, c’est, entre autres, le ralentissement conjoncturel et la perspective de l’inversion de la courbe des taux qui ont entraîné les marchés financiers dans une spirale négative.

Chute de 18% du DAX allemand

Dans la zone euro, la croissance du PIB a atteint 1,9% l’an dernier, mais le Brexit, les gilets jaunes en France ou le budget italien ont assombri les perspectives en fin d’exercice. L’Allemagne a même vu son économie se contracter au troisième trimestre, en raison, entre autres, de la faiblesse de la consommation privée et de la production industrielle liée à l’introduction de nouvelles normes antipollution pour l’industrie automobile. Témoin de ces difficultés, le DAX allemand a chuté de 18%. En Europe, les valeurs bancaires et automobiles ont été particulièrement sous pression l’an dernier. La Suisse n’a pas non plus été épargnée par ce chamboulement des marchés, les bancaires étant notamment sanctionnées, parfois sévèrement, comme chez les pays voisins. Le SMI a terminé l’année en baisse de 10,2% l’an dernier, et le SPI de 8,6%.

Changeons de continent. Sur le marché américain des actions, le mois de décembre a été le pire depuis 1931 (vous avez bien lu, 1931!) avec une chute de 9,18%. Ainsi, le S&P 500 a terminé l’année sur un recul de 6,24%, alors qu’il était encore positif à fin novembre. C’est comme si l’excès d’optimisme avait été balayé par un excès de pessimisme, malgré des indicateurs économiques, tel l’emploi, qui restaient encore plutôt bien orientés.  

Quant aux pays émergents, ils ont globalement souffert de la force du dollar en début d’année 2018. Dans le détail, la Chine, par exemple, a vu son économie croître de «seulement» 6,6%, taux le plus faible depuis 1990. Trimestre après trimestre, la décélération a été continue sur l’exercice écoulé, en raison notamment des mesures prises par Pekin pour réduire son endettement et du conflit commercial opposant le pays aux Etats-Unis.

Le MSCI Emerging Markets a reculé de plus de 15% l’an dernier, même si les actions brésiliennes se sont envolées après la victoire à l’élection présidentielle de Jair Bolsonaro. Les progressions se sont révélées rares sur ces marchés émergents, souvent minés par des soucis géopolitiques, à l’instar de l’Argentine ou la Turquie, qui ont vu leur marché fléchir de plus de 40% en francs.

Tempête généralisée

Même les placements immobiliers n’étaient pas à la fête l’an dernier. En début d’exercice, ils ont souffert d’une crainte de hausse trop rapide des taux d’intérêts et, d’autre part, sur l’ensemble de l’exercice, l’offre excédentaire sur le marché du logement, et un volume de nouvelles émissions à nouveau très élevé ont pesé sur les cours par effet de dilution. Résultat? En Suisse, le SXI Real Estate (SWIIT) a lâché 5,3%, enregistrant ainsi sa première performance négative depuis 2013.

En résumé, la tempête s’est abattue sur les investisseurs. La quasi-totalité des classes d’actifs a terminé dans le rouge, si bien que la diversification du portefeuille n’a pu jouer son rôle comme à l’accoutumée. Dans ce contexte plus que chahuté, même l’or n’a pas été utilisé comme valeur refuge! Le métal jaune a ainsi conclu 2018 sur un recul de 1,5%. L’incertitude, et la fébrilité des investisseurs, s’est désormais installée.